QUEL DEVENIR POUR LES MACHEFERS D'INCINERATION D'ORDURES MENAGERES ?



EVOLUTION ATTENDUE ET TAUX DE VALORISATIONS     PARTIE VI



1    Perspectives d'évolution des débouchés


L’utilisation de mâchefers en techniques routières permet l’écoulement de grosses quantités de produit. De ce fait, les principaux acteurs de la filière ne cherchent pas à créer de nouveaux débouchés. Par ailleurs, les propriétés physico-chimiques et la nature des matériaux ne laissent pas supposer l’apparition de nouvelles voies de valorisation.

Rappelons aussi que le développement de la collecte sélective est fatalement liée une forte réduction du taux de verre dans les mâchefers alors que ce dernier en est le principal composé minéral. Cette évolution de la nature des MIOM engendre une diminution de la résistance au compactage et altère les qualités du matériau. Cela aura pour conséquence une réticence des utilisateurs potentiels de MIOM.

La présence éventuelle de dioxine dans les mâchefers est également un sujet très glissant pour l’ensemble des acteurs. En effet, le manque de connaissances à ce sujet ne condamne pas l’utilisation de ces produits mais peut toutefois laisser planer un doute au-dessus des chantiers routiers utilisateurs de MIOM.

Au cours des prochaines années, le développement prévisible des procédés thermiques tels que l’incinération sur lits fluidisés ou encore la thermolyse posera également le problème de valorisation des résidus de composition différente.

Les multiples expériences menées par les structures telles que les Laboratoires des Ponts et Chaussées ou encore par les laboratoires privés au sein des IME doivent venir éclairer toutes les zones d’ombre que connaît encore la filière. Garantie quant à la dioxine, assurance d’un produit stable lors de la valorisation en techniques routières permettront de structurer d’amont à aval l’ensemble de l’élimination des mâchefers.

La problématique originelle qui était de se débarrasser d’un déchet à moindre coût, devient, à la charge des structures privées que sont les IME, de vendre un produit au moins équivalent au matériau naturel afin de pouvoir y greffer une valeur marchande réelle. Les mâchefers peuvent alors être considérés comme un « produit recyclé ».


2    Intégrer les mâchefers dans les taux globaux de valorisation des déchets ménagers


Il n’existe à ce jour aucun texte législatif ou réglementaire qui soit complètement explicite sur l’intégration des mâchefers dans les taux de valorisation des déchets.

La référence principale sur ce problème reste la circulaire « Voynet » du 28 avril 1998 qui propose un objectif de 50 % des déchets à la charge des collectivités collecté en vue d’une réutilisation, du recyclage ou d’une valorisation organique. Ce texte a pour vocation de donner des orientations et ses objectifs n’ont pas de valeur législative ou réglementaire. Au niveau européen, les déchets d’emballages sont les seuls pour lesquels sont fixés des objectifs de valorisation.

Dans la filière d’incinération, les emballages métalliques et en verre, incombustibles dans les fours, se retrouvent intacts dans les mâchefers en sortie d’unité de traitement thermique. La question se pose de savoir si leur utilisation en techniques routières permet la prise en compte de la part des déchets d’emballages au bénéfice des taux de valorisation

Face à cette interrogation, l’Ademe propose dans son document intitulé « Plans départementaux d’élimination des déchets ménagers et assimilés – Méthode de révision » une procédure très satisfaisante et surtout proche des réalités de terrain. Celle-ci ne s’attache pas aux taux de valorisation des déchets d’emballages ménagers mais à la gestion des déchets ménagers dans sa globalité.

En prélude à la présentation du modèle d’intégration de l’utilisation des mâchefers dans le bilan global de l’élimination des déchets ménagers, rappelons ce que l’Ademe définit par le terme « valorisation énergétique » :

Valorisation énergétique = Entrées en traitement thermique – REFIOM – mâchefers

Ainsi, les mâchefers sont considérés comme une fraction non valorisée et donc, les tonnages de mâchefers utilisés additionnés aux tonnages de déchets ayant contribués à la valorisation énergétique ne donnent pas une valeur supérieure aux tonnages entrants dans l’unité de traitement.

L’Ademe distingue au niveau du bilan global les lignes relatives au recyclage, à la valorisation énergétique, à l’utilisation de mâchefers et à l’élimination. L’utilisation de mâchefers n’est englobée ni dans le recyclage ni dans l’élimination et se rapproche donc de la réalité de terrain.

On peut imaginer que la révision des textes de lois sera l’occasion de mettre en place un système précis qui définissent clairement la procédure à suivre et aussi qui reconnaisse les collectivités qui s’efforcent de trouver et de pérenniser une filière durable pour leurs mâchefers.

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