LE TRAITEMENT BIOLOGIQUE DES DECHETS ORGANIQUES

LES INTERETS DE LA VALORISATION ORGANIQUE - PARTIE IX

1 - Les intérêts économiques

La directive du 26 avril 1999, relative à la mise en décharge des déchets, fixe des taux maximum de mise en décharge des déchets municipaux biodégradables accompagnés de délais d'application. Ainsi, le taux sera limité au plus tard en 2006 à 75 % (en poids) de la totalité des déchets municipaux produits en 1995. Cette valeur est réduite à 50 % pour l'horizon 2009 et à 35 % pour celui de 2016 au plus tard. De ce fait, la fraction de déchets biodégradables restante a pour seules issues la méthanisation, le compostage et l'incinération.

Les coûts de traitement varient en fonction de la technologie utilisée et aussi en fonction de la capacité de l'unité de traitement. Le tableau ci-dessous présente des exemples de coûts selon les méthodes et les capacités de traitement. Il ne s'agit pas ici de condamner l'une ou l'autre des filières de traitement mais bien de trouver la mieux adaptée à la fraction organique dans un schéma de gestion multifilière.

Mode de traitement
Capacité de traitement
Coût HT
Source
Méthanisation
20 000 t/an
50 000 t/an
450 F/t
320 F/t
Solagro
Compostage de déchets verts
6 000 t/an
15 000 t/an
550 F/t
200 F/t
Etude SOFRES
Compostage de la fraction fermentescible des ordures ménagères
6 000 t/an
22 000 t/an
650 F/t
250 F/t
Etude SOFRES
Incinération
20 000 t/an
60 à 120 000 t/an
+ de 120 000 t/an
750 à 900 F/t
500 à 700 F/t
450 à 500 F/t
Etude SOFRES

La présentation des coûts n'est valable que pour des unités qui respectent les textes et les normes en vigueur.

L'intérêt économique de la mise en place d'une filière de traitement biologique est donc réel au regard des chiffres présentés ci-dessus. Selon la situation locale, les équipements existants et les gisements ciblés par la collectivité, le coût de traitement biologique est variable.

L'implication de groupes tels que EDF et GDF dans la recherche et développement de la filière, déjà concrétisée par des partenariats avec différents acteurs, laisse envisager l'ouverture ou le développement de débouchés et aussi une augmentation des recettes de vente du biogaz. Les retours d'expériences prouvent aujourd'hui que les procédés sont viables et que certains modes de valorisation tels que le biogaz carburant présentent des temps de retour de trois à quatre ans dans certaines conditions.

Il en est de même pour le compost dont l'image s'améliore par le respect de paramètres qualitatifs stricts. Si la qualité est respectée, la collectivité ne se débarrasse plus d'un compost ; elle vend un produit qui apporte une plus-value à son utilisateur. Le prix de vente peut alors augmenter. Certaines collectivités ont trouvé un avantage économique en vendant le compost ensaché aux habitants. Le prix à la tonne peut avoisiner 400 francs.

Le traitement biologique est donc le mieux adapté, sur un plan économique, à la fraction organique des déchets municipaux. Le développement de la filière doit venir confirmer cela par l'ouverture de débouchés et l'augmentation de la valeur des produits.

2 - Les intérêts environnementaux

S'intégrant dans les méthodes de gestion moderne et raisonnée des déchets, l'élimination des déchets organiques par un traitement biologique permettant une valorisation présente des intérêts environnementaux, que l'on parle de méthanisation, de compostage ou de récupération du biogaz de décharge.

Chacun des procédés présente une liste d'intérêts :

  • * pour le compostage

C'est un mode de traitement respectueux de l'environnement par le fait qu'on ne constate pas de rejets incontrôlés des lixiviats qui sont envoyés en station d'épuration ou injectés sur les tas de compost et les concentrations en éléments gazeux polluants sur les unités sont pour la majorité équivalents aux teneurs rencontrées en site urbain (Cf. Environnement et Technique, mai 2000 " Emissions de COV par les unités de compostage de déchets ménagers "). Ensuite, la production d'un amendement organique en vue de l'épandage permet de rendre au sol ce qui y a été puisé. La boucle est ainsi bouclée et par ce biais, les utilisations annexes d'amendement chimique sont réduites. La préservation de nos sols est alors assurée.

  • * pour la méthanisation

L'exploitation du potentiel énergétique contenu dans les déchets organiques, c'est à dire la valorisation du biogaz permet l'économie de gaz fossile, de carburant ou d'électricité selon l'utilisation. La production de compost dont les intérêts ont été démontrés représente un intérêt environnemental supplémentaire.

  • * pour la récupération du biogaz en décharge

La forte contribution du biogaz à l'effet de serre justifie à lui seul l'intérêt primordial de le capter. La production et les émissions de ce biogaz dans l'atmosphère peuvent durer jusqu'à trente ans après la fermeture de la décharge. Il ne s'agit donc pas de capter un gisement anodin mais bien de limiter une menace pour l'environnement. L'énergie produite grâce à la valorisation du biogaz permet aussi des économies d'énergies fossiles.

3 - Les intérêts sociaux

La mise en place d'un système de collecte et de traitement des déchets organiques dévoile plusieurs aspects sociaux d'un intérêt non négligeable. Ainsi, création d'emplois et impact sur le schéma global de collecte et de traitement des déchets sont enregistrés parallèlement à la création de cette filière.

Une unité de méthanisation moyenne d'une capacité de traitement de 20 000 t/an implique la création de cinq à sept emplois (source : Solagro, 2000). Il en est de même pour les unités de compostage. Il est alors possible de proposer ces postes à des personnes en insertion. Ces emplois permettent de requalifier l'image attribuée aux métiers du déchet. De plus, la mise en place d'une collecte des déchets organiques et la campagne de communication qui l'accompagne peuvent être l'occasion de pérenniser les postes créés pour les ambassadeurs du tri ou de compléter le nombre d'emplois créés.

L'impact psychologique qu'engendre cette filière sur les habitants a été partiellement mesuré lors d'une étude réalisée par le Cemagref (source : Cemagref - Annie RESSE, décembre 1999). Le tri chez l'habitant permet d'accroître la fréquentation des déchetteries et motive la sensibilité de la population sur l'ensemble des problèmes environnementaux. Ensuite, il est plus facile pour les habitants de percevoir l'intérêt de la valorisation des déchets organiques que pour les autres fractions des ordures ménagères. En effet, la notion de " boucler la boucle " est vite assimilée par l'image du compost qui retourne au sol. Ce phénomène est amplifié lorsque la collectivité propose des composteurs individuels ou offre à l'habitant la possibilité de récupérer du compost.

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