REFLEXIONS ET PISTES SUR LE TRAITEMENT MECANO-BIOLOGIQUE

PRECONISATIONS DU CERCLE NATIONAL DU RECYCLAGE - PARTIE VI

A travers ce dossier, différentes difficultés apparaissent pour la création et le développement des installations de TMB.
A ce jour, peu d’installations existantes produisent un compost conforme à la norme NFU 44- 051, mais celles qui y sont parvenues ont mis l’accent sur les techniques permettant d’assurer la qualité du compost.
Le contexte réglementaire actuel va vers un durcissement des exigences et pourrait limiter l’utilisation de compost issu d’OMR, notamment en l’interdisant en agriculture ce qui poserait un problème par rapport aux débouchés.
La révision de la norme actuelle pourrait imposer de nouveaux critères et fixer des seuils plus contraignants, or rien n’assure qu’un compost répondant à la norme aujourd’hui y répondra encore avec ces nouvelles obligations.
La dynamique européenne et nationale est en faveur du développement du compostage de déchets organiques collectés sélectivement. Un projet de règlement européen devrait voir le jour en octobre 2012, il précisera que seuls les composts issus de la collecte sélective de biodéchets et respectant les critères de qualité bénéficieront du statut de produit. Les composts issus du TMB conserveront leur statut de déchets et devront alors suivre un plan d’épandage, ce qui remet en cause l’existence même des unités de TMB.
De plus, rien n’assure à l’heure actuelle la viabilité économique de ce type de gestion des déchets organiques.
De même, pour les installations de stabilisation des OMR, les intérêts environnementaux et économiques semblent limités.

Au vue de ces différentes observations et tant que la problématique de la sortie du statut de déchet des composts sur OMR n’est pas résolue au niveau européen, le Cercle National du Recyclage recommande d’être extrêmement prudent et vigilant lors du choix de créer une installation de TMB.
Le Cercle National du Recyclage invite les collectivités locales à privilégier la collecte sélective des biodéchets pour les milieux où cela est économiquement et techniquement faisable.

Cependant si une collectivité locale fait le choix de créer une installation de TMB, le Cercle National du Recyclage conseille de suivre les éléments suivants.

  • Réflexion amont
    Comme pour tout projet, la création d’une unité de TMB nécessite une importante réflexion en amont. L’installation doit s’intégrer à l’ensemble de la filière de gestion des déchets et ne doit pas être examiné sans la dissocier des autres modes de traitement. Il est indispensable de réaliser au préalable une étude qualitative et quantitative des déchets présents sur le territoire concerné afin de connaître le gisement, de vérifier la compatibilité du TMB avec la gestion des autres déchets et de relever les particularités locales. Il faut dans tous les cas confronter les différents modes possibles de valorisation des déchets organiques et notamment de la fraction fermentescible des OMR afin d’opter pour la solution la plus adaptée au niveau local. Il faut également s’assurer que le choix du TMB constitue une réponse appropriée à la réglementation en vigueur et aux objectifs de la loi du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, notamment de réduire la quantité de déchets destinée à l’incinération ou au stockage et d’augmenter la valorisation organique.

Si une collectivité locale souhaite mettre en place un TMB, elle ne doit pas oublier que l’objectif est d’extraire la fraction fermentescible afin de produire du compost et/ou du biogaz ou de la réduire pour stabiliser les déchets avant mise en décharge. L’ensemble du procédé doit donc répondre à cet objectif. L’ajout d’équipement pour permettre le recyclage des matériaux (métaux, plastiques) n’est que complémentaire.

  • Eléments indispensables au préalable
    Le TMB avec compostage ou méthanisation impose une collecte sélective des déchets d’emballages et du verre performante, car ce sont des éléments indésirables pour produire un compost répondant à la norme. De même, il est important de développer un réseau de déchèteries ou un système de collecte de proximité afin de récupérer les déchets ménagers spéciaux de façon à ce que les différents éléments polluants les constituant ne contaminent pas le compost. Une installation de TMB ne peut pas être créée si ces collectes ne sont pas mises en place. Si ces déchets indésirables ne sont pas écartés en amont, il y a un risque majeur de produire un compost non-conforme. Pour s’assurer que ces règles de tri sont bien assimilées par la population, une vaste campagne de communication doit être réalisée pour les rappeler et expliquer l’intérêt du respect des consignes vis-à-vis du TMB.
  • Conseils techniques
    Au niveau technique, une réflexion globale doit être faite en amont sur le procédé et les équipements utilisés, ils doivent permettre d’extraire le plus finement possible la fraction fermentescible des OMR.
    Le broyage en tête du procédé est à proscrire pour les TMB associés au compostage ou à la méthanisation car il disperse les polluants dans l’ensemble des OMR et ne permet pas d’obtenir un compost conforme à la norme.
    Pour le compostage et la méthanisation, l’utilisation d’un tube de pré-fermentation en amont du procédé est à l’heure actuelle la meilleure technique pour préparer les OMR. La réduction des éléments fermentescibles doit être suffisante pour observer une différence granulométrique entre les éléments inertes et ceux fermentescibles. Le dimensionnement doit donc être adapté à un temps de séjour suffisant.
    Les équipements d’affinage jouent également un rôle important en extrayant les éléments indésirables. Le criblage doit donc être fin, les équipements de séparation posséder des dimensions adaptées. Pour assurer l’efficacité du double transporteur sélectionneur, le débit, l’inclinaison et la hauteur de chute doivent être réglés de manière précise.
    Pour permettre le bon fonctionnement du procédé, les équipements doivent être dimensionnés de façon optimisée, le réglage des appareils adapté et l’entretien régulier.
    Les temps de fermentation et de maturation sont pour l’ensemble des procédés relativement longs, mais ils ne doivent pas être négligés de manière à garantir la valeur agronomique et l’innocuité du compost. La durée de stockage du compost ou des déchets stabilisés étant importante, le site doit disposer d’une surface au sol conséquente. Ce paramètre doit être pris en considération avant la création de l’installation.
    D’autres gisements de déchets organiques peuvent être trouvés pour améliorer le rendement des installations, mais cela doit rester dans la limite des compétences des collectivités locales.
  • Vérification des débouchés et exutoires
    Avant la mise en place d’une unité de TMB, il est indispensable de s’assurer de l’existence et de la pérennité des débouchés aussi bien pour les fractions valorisées que pour les refus. Pour cela il est primordial d’organiser une concertation avec les repreneurs potentiels.
    Pour le compost, il faut au minimum pouvoir répondre aux exigences de la norme NFU 44-051 voire plus si les acheteurs requièrent des critères plus stricts. Une discussion avec l’ensemble des acteurs doit permettre en amont de connaître leurs attentes et vérifier que le compost sera bien repris sur le long terme. Il faut également se préparer aux évolutions réglementaires notamment à devoir répondre à des critères plus exigeants avec la révision ou encore à trouver d’autres débouchés si une interdiction d’épandre le compost issu du TMB d’OMR est prise.
    Pour le biogaz, le choix du débouché doit se faire en fonction du contexte local, il est indispensable d’évaluer au mieux la production de biogaz afin qu’elle soit en adéquation avec les besoins. Il n’est pas admissible que le biogaz soit brûlé en torchère en dehors des phases de maintenance, l’ensemble des équipements doit donc être correctement dimensionné pour faire face aux variations de production de biogaz.
    La collectivité doit prendre en compte la présence des exutoires finaux car le TMB génère des refus qu’il faut éliminer en incinération et/ou en centre de stockage. Une installation de TMB ne peut donc pas être conçue pour palier au refus de la population de créer un incinérateur ou un centre d’enfouissement, car elle ne remplace pas mais est complémentaire de ces exutoires.
  • Viabilité économique
    Les coûts d’investissement et de fonctionnement sont relativement élevés pour le compostage et encore plus pour la méthanisation. Il faut donc s’assurer de la viabilité économique du projet. Il semble préférable que le coût de gestion globale ne dépasse pas 200 € HT/tonne.

Afin de maîtriser l’ensemble de la chaîne de traitement des OMR, il est important de mettre en place un montage contractuel entre collectivité, syndicat, constructeur, exploitant et repreneur de manière à déterminer les objectifs et responsabilités de chacun des acteurs. Une bonne connaissance des aspects techniques, juridiques et une bonne maîtrise de l’exploitation est indispensable pour que l’installation de TMB fonctionne correctement.

flecheretour

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