LA COLLECTE,LE TRI ET LE RECYCLAGE DU VERRE DES DECHETS MENAGERS ET ASSIMILLES

L'AUGMENTATION DE LA VALORISATION     PARTIE IX


Actuellement, la France affiche un taux de recyclage global du verre (verre d’emballage et autres) de près de 60 %. Cependant en comparant ce chiffre avec les résultats d’autres pays européens (Allemagne, Danemark, etc.), un retard certain est perceptible.

L’activité principale de recyclage du verre réside dans sa réutilisation dans les fours verriers pour fabriquer des produits identiques. Cependant, l’industrie verrière française va bientôt arriver à saturation de ses fours et les verriers ne pourront pas absorber plus de calcin qu’ils en absorbent actuellement. Néanmoins, ces propos sont tenus par les verriers depuis plus de cinq années et ne sont toujours pas constatés.
Malgré ce frein, il est important que les quantités collectées continuent à s’accroître et que de nouvelles perspectives techniques de recyclage et de valorisation du verre soient mises en places.


1    L'AMELIORATION DE LA COLLECTE DES VERRES


En 2006, près de 2 millions de tonnes de verre issu de déchets d’emballages ménagers ont été collectés et recyclés. Or, le gisement de déchets d’emballages ménagers en verre a été estimé et fixé par convention à 41,3 63 kg/an/hab. Cela signifie que pour l’ensemble de la population française (62 millions d’habitants) la quantité de verre issue d’emballages ménagers, captable sur une année, est au moins de 2,56 millions de tonnes. Il reste donc au minimum 22 % du gisement national à capter et à recycler.

Cependant, il est important de noter que les collectivités doivent effectuer les efforts nécessaires afin de collecter le maximum du gisement de verre et non pas la totalité. En effet, aller chercher les dernières bouteilles de verre n’est ni environnementalement, ni économiquement viable pour les collectivités. Le coût de collecte de cette tonne est plus élevé que son prix de revient et l’impact écologique engendré par sa collecte peut être considéré comme « désastreux ».

Avec l’entrée en vigueur du nouveau barème de soutiens aux collectivités locales, dit « barème D », il n’est pas intéressant économiquement d’aller collecter plus de 45 kg/an/hab. de verre à cause du plafonnement du soutien à la tonne triée 64.
Des améliorations peuvent également être apportées au niveau des moyens de collecte. Il n’est pas rare d’observer des conteneurs d’apport volontaire débordant de verre pendant plusieurs jours ou vidés alors qu’ils ne sont qu’à moitié pleins. Le choix de la taille et du volume des conteneurs d’apport volontaire est donc primordial. Plusieurs types de conteneurs sont disponibles sur le marché et chacun d’entre eux possède des avantages et des inconvénients :
conteneurs de très petits volumes (1 à 1,5 m3) : l’avantage de ces conteneurs est leur très faible encombrement. Les inconvénients sont le rapport volume/coût du conteneur qui est très élevé et le vidage très fréquent (jusqu’à plusieurs fois par semaine en milieu urbain) ;

  • conteneurs de petits volumes (2 à 2,5 m3) : les avantages sont qu’ils conviennent pour les espaces réduits et qu’ils s’intègrent facilement au site. Les inconvénients sont le rapport volume/coût du conteneur qui est élevé et le vidage fréquent ;
  • conteneurs standards (3 à 4 m3) : les avantages sont que ces conteneurs ont le meilleur rapport/poids/coût de conteneur et que le volume est adéquat pour desservir environ 1 000 habitants avec un levage toutes les 2 semaines. Les inconvénients sont l’encombrement et l’effet de masse plus difficiles à intégrer ;
  • conteneurs enterrés : l’avantage principal de ces conteneurs est leur intégration idéale en hypercentre. Les inconvénients sont les coûts d’achat et d’entretien plus élevés et le temps de levage et de vidage plus importants.


L’optimisation du dispositif de conteneurs d’apport volontaire est atteinte dans la grande majorité des cas avec les conteneurs de capacité 3 à 4 m3. Dans certains cas difficiles (manque d’espace, intégration au milieu, etc.) le petit conteneur ou le conteneur enterré sont des compromis qui s’imposent naturellement.

Certaines sociétés proposent des conteneurs avec système de pesée embarqué consultable à distance. Ce système permet de gérer les tournées de collecte des conteneurs d’apport volontaire. En effet, le conteneur dispose d’un analyseur à ultrason qui évalue le niveau de remplissage ainsi qu’un système de pesée dynamique. Le prestataire chargé du ramassage peut alors connaître en temps réel et avec précision le volume et la masse de verre collectés. A partir d’une certaine quantité prédéfinie, le système envoi un message électronique pour alerter de la nécessité du vidage. Cela permet de gérer les tournées de façon optimale, en évitant les débordements.

Concernant le verre à vitre, il n’y a pas de grandes améliorations à prévoir de la part des collectivités locales. En effet la grande majorité du gisement se trouve dans le secteur du bâtiment.
Les écrans (télévisions, informatiques), comme les tubes fluorescents, font désormais partie du décret n°2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l’élimination des déchets issus de ces équipements. Ce décret impose aux producteurs et aux distributeurs, depuis août 2005, de reprendre gratuitement les DEEE dans la limite du un pour un (un appareil acheté, un appareil repris). Les collectivités locales ont la possibilité, dans une démarche volontaire, de mettre en place la collecte sélective des DEEE. L’objectif de ce décret, fixé par la directive 2002/96/CE 65, était de collecter sélectivement au moins 4 kg/an/hab.66 de DEEE au 31 décembre 2006 (objectif non atteint). De plus, « Le Parlement européen et le Conseil, sur proposition de la Commission et compte tenu de l'expérience technique et économique acquise dans les États membres, fixent un nouvel objectif obligatoire à atteindre pour le 31 décembre 2008 au plus tard. Cet objectif peut éventuellement prendre la forme d'un pourcentage des quantités d'équipements électriques et électroniques vendus aux ménages pendant les années antérieures ». Cette filière étant à ses débuts, le manque de visibilité nous empêche actuellement de prévoir des pistes d’amélioration en ce qui concerne la collecte de ces écrans.


2    LES PERSPECTIVES TECHNIQUES


Actuellement en France, des perspectives techniques sont envisagées pour augmenter les quantités de verre recyclé. Plusieurs possibilités sont envisageables :

  • la séparation par couleur du verre des déchets d’emballages ménagers ;
  • l'augmentation du taux de calcin dans la production de verre ;
  • l'utilisation des fines et des refus des centres de traitement ;
  • l'ouverture de nouveaux débouchés pour le calcin.



2.1    La séparation par couleur du verre des déchets d'emballages ménagers


Actuellement, les emballages colorés représentent 70 % de la production totale d’emballages en verre contre 30 % pour le verre incolore. De plus, la quasi-totalité du verre d’emballage est collectée en mélange (verre coloré et incolore). Il serait donc intéressant de pouvoir extraire la part incolore, non négligeable, du verre coloré pour la recycler directement dans la fabrication d’emballages transparents.

2.1.1. Estimation du gisement de verre incolore


Un gisement de verre classique en mélange contient en moyenne 30 % de verre incolore. Sachant que pour l’année 2006 près de 2 millions de tonnes de verre ont été collectés en France, le gisement de verre incolore se trouvant dans le verre collecté peut être estimé 600 000 tonnes , soit près de 10 kg/an/hab.

2.1.2. Modes de tri


Deux modes de séparation du verre par couleur sont possibles :

  • le non mélange à la source ;
  • le tri optique automatisé.
Le non mélange à la source

Le non mélange à la source consiste à séparer le verre coloré, issu des déchets d’emballages ménagers, de celui incolore, directement auprès des ménages. Pour cela les deux modes de collecte sélective du verre peuvent être mis à contribution :

  • la collecte en porte-à-porte : par laquelle les ménages séparent le verre coloré du verre incolore dans un bac de collecte compartimenté ou dans deux bacs de collectes différent
  • la collecte par apport volontaire : par laquelle les ménages se séparent du verre incolore de celui coloré dans des conteneurs différents.


Le verre incolore est collecté et envoyé en centre de traitement. En effet, le verre doit nécessairement y passer afin d’être préparé au recyclage. Pour cela le verre incolore subit l’ensemble des étapes classiques de traitement 67 afin d’être nettoyé et débarrassé des impuretés et des infusibles. Le verre incolore est ensuite épuré du verre coloré qui peut éventuellement se trouver dans le flux, par un premier puis un second passage en machine de tri optique.

L’application du principe du non mélange à la source engendrera de nombreux investissements pour les collectivités locales. En effet, chaque collectivité devra directement ou indirectement :

  • modifier l’ensemble du parc de conteneurs (ajout ou remplacement des conteneurs d’apport volontaire, ajout ou modification des bacs en porte-à-porte) ;
  • aménager des espaces supplémentaires pour permettre l’implantation des conteneurs d’apport volontaire ;
  • augmenter le nombre de collectes d’apport volontaire ou le nombre de camions ;
  • augmenter le temps de collecte des bacs ou des conteneurs dû à leur multiplication ;
  • adapter ou multiplier les camions de collecte ;
  • modifier l’espace de stockage en centre de regroupement ;
  • augmenter le nombre de transports du verre au centre de traitement ;
  • modifier et renforcer la communication auprès des citoyens.


De plus, les nuisances causées par la collecte se multiplieront (pollution atmosphérique, nuisances sonores, etc.).

Les centres de traitement devront également investir dans des machines de tri optique pour épurer les flux de verre incolore et garantir sa qualité (verre contenant moins de 1 % de verre coloré) en sortie de centre de traitement.

Ce mode de séparation n’est pas le mieux adapté car la plupart des collectivités locales françaises ont un système de collecte du verre en mélange.

Le tri optique automatisé

Le tri optique automatisé consiste à séparer d’un lot de verre collecté en mélange (coloré et incolore), issu des déchets d’emballages ménagers, le verre coloré du verre incolore par l’intermédiaire de machines de tri.

Par l’application de ce principe, les lots de verre entrants en centre de traitement sont en mélange (coloré et incolore). Le verre subit d’abord l’ensemble des étapes classiques de traitement 68.

En fin de traitement, le calcin passe sous des systèmes de détection optique qui discernent le verre incolore et, par insufflation d’air le sépare du verre coloré. Ce premier passage permet d’obtenir un calcin incolore pur à 95 % (il contient 5 % de verre coloré).

La fraction incolore précédemment extraite est passée une deuxième puis une troisième fois en machine de tri optique. Cette étape, qui se nomme l’épuration du verre incolore, est nécessaire afin d’éliminer le maximum de verre coloré résiduel. La détection est inversée et les caméras détectent le verre coloré à éliminer par insufflation d’air. La qualité du verre incolore en sortie de chaîne de traitement avoisine les 99 % de calcin incolore.
Plusieurs usines de traitement sont équipées de cette technologie. Cependant, seule l’usine SOLOVER de Saint Romain Le Puy est en mesure de fournir un premier retour qualitatif et économique. Selon des constructeurs, l’investissement technologique à effectuer varie de 120 000 € à 180 000 € 69. De plus, l’investissement à réaliser pour un centre de traitement neuf qui, en plus des étapes classiques de traitement, sépare le verre incolore de celui coloré à partir d’un flux de verre mixte, est de l’ordre de 6 millions d’euros hors taxe.

Selon les résultats obtenus par l’usine SOLOVER : « la séparation se fait à partir de verre dont la granulométrie est supérieure à 7 mm. A partir d’un verre mixte brut entrant avec une production de 35 tonnes par heure, nous récupérons 18 % du verre incolore, produit par tonne de verre entrante. La teneur en verre incolore du verre mixte brut entrant chez SOLOVER est estimée à 30 %. Le taux de récupération du verre blanc est donc de 60 à 65 % ».

Seule une partie du verre incolore peut donc être extraite du flux de départ. En considérant que près de 2 millions de tonnes de verre issus de déchets d’emballages ménagers ont été collectés en France en 2006, que 30 % de ce verre collecté est incolore et que 65 % du verre incolore se trouvant dans le flux de départ est extractible, la quantité de verre incolore pouvant être extraite serait donc de 390 000 tonnes, soit une performance de 6,3 kg/an/hab.

2.1.3. Estimation du surcoût de la séparation par couleur


Le surcoût engendré par la séparation du verre par couleur dépendra du mode de tri qui est choisi.

Une première étude, faite par l’Ademe et Eco-Emballage 70, permet d’obtenir une estimation concernant le surcoût engendré par le traitement du verre par couleur.

Concernant le principe de l’épuration du verre incolore après le non mélange à la source, le surcoût de traitement engendré par cette technique a été estimé entre 2,3 et 16,2 €/tonne de verre incolore produite.

De plus, si cette méthode de traitement est précédée d’une collecte sélective du verre par couleur en apport volontaire, le surcoût de collecte est estimé entre 19,8 et 35 €/tonne de verre incolore collecté. L’hypothèse que la collecte soit effectuée en porte-à-porte n’a pas été envisagée au travers de cette étude. Le surcoût engendré par la collecte en porte-à-porte risque cependant d’être au moins aussi élevé que le surcoût de la collecte en apport volontaire.

Concernant le démélange du verre incolore à partir d’un flux de verre mixte (coloré et incolore) par des machines de tri optique, l’étude estime le surcoût de traitement entre 63 et 83 € par tonne de verre incolore produite.

Or selon l’usine SOLOVER de Saint Romain Le Puy, « En approche standardisée et pour 100 000 tonnes de calcin en mélange entrant, le coût de production de l’option tri par couleur est de 25 € hors taxes par tonne entrante, ce qui correspond à un surcoût de 1,5 € hors taxe par tonne entrante par rapport à l’option traitement du verre en mélange, pour une installation identique dépourvue de la fonction tri par couleur ».

Le surcoût de traitement par démélange ne serait pas aussi élevé que l’étude de l’Ademe et d’Eco-Emballage peut le prétendre.

En exerçant la technique du démélange du verre incolore à partir d’un flux de verre mixte, la collecte du verre, aussi bien en apport volontaire qu’en porte-à-porte, ne sera pas modifiée et n’engendrera aucun surcoût de collecte.
A ce jour, aucun surcoût global n’a été estimé pour chacun des procédés (non mélange et démélange). De plus les contradictions entre les surcoûts, notamment concernant celui du traitement par démélange du verre incolore, ainsi que la non prise en compte de la totalité des surcoûts, engendrés par les deux procédés, nécessiteraient la mise en place d’une nouvelle étude tenant compte de la totalité des variables.

2.1.4. Non mélange à la source ou démélange par tri optique


D’un point de vue technique et économique les deux procédés de collecte et de traitement pour la séparation du verre incolore sont possibles. Cependant, le choix de l’un des deux procédés sera différent selon que l’on se place du côté des industriels verriers ou de celui des collectivités locales.

Concernant les industriels verriers, le non mélange à la source est la solution la plus intéressante comparée au démélange par tri optique. Concernant les collectivités locales, le procédé le plus intéressant, des points de vues technique et financier, est le démélange par machine de tri optique des flux de verre mixte.

La majorité des collectivités locales française collectent actuellement le verre, issu de déchets d’emballages ménagers, en mélange. Avec la mise en place du procédé de démélange, les collectivités locales continueront à collecter du verre mixte (coloré et incolore), aussi bien en apport volontaire qu’en porte-à-porte.
Le non mélange du verre incolore à la source multiplierait les contraintes pour les collectivités locales.car elles devraient investir. En effet, si la collecte sélective est :

  • en apport volontaire : les collectivités locales devront soit multiplier le nombre de conteneurs présents, soit remplacer les conteneurs classiques mono compartimentés par des conteneurs multi compartimentés ;
  • en porte-à-porte : les collectivités locales devront soit fournir aux usagers un bac supplémentaire pour collecter le verre incolore, soit modifier les bacs existants.


De plus, la grande diversité du territoire français concernant les modes de collecte rendra plus difficile la mise en place d’un système de collecte commun.

Les coûts d’entretien et de gestion des conteneurs et des bacs seront multipliés. Quelque soit le mode de collecte effectué par les collectivités locales, elles devront mettre en place un plan de communication et former des ambassadeurs de tri afin d’expliquer aux habitants comment et pourquoi séparer le verre coloré de celui incolore.

Les sociétés de collecte devront également investir au niveau technique en adaptant leurs camions à la collecte du verre incolore. Elles devront éventuellement multiplier le nombre de collectes.

Le non mélange à la source demandera donc de très grands efforts techniques et financiers de la part des collectivités locales ainsi que des délais de mise en place beaucoup plus importants comparés au démélange par tri optique automatisé. Ces coûts supplémentaires n’auront pas d’intérêt si des soutiens et un prix de reprise conséquents ne sont pas versés aux collectivités locales.

Le démélange, quant à lui, permettra de réguler les besoins des industriels en calcin incolore. Il serait dommageable de collecter séparément du verre incolore et de ne pas avoir d’exutoire pour le recyclage en emballages incolores.

Enfin la mise en place du tri optique automatisé dans les centres de traitement permettra un investissement financier unique de la part des industriels comparé au non mélange à la source qui demandera un investissement collectif (contribuables, collectivités locales, collecteurs, centre de traitements)

La meilleure solution pour séparer le verre incolore issu des déchets d‘emballages ménagers de celui coloré semble donc être le démélange par tri optique automatisé à partir d’un flux mixte.



2.2    Le tri des refus de centres de traitement


Les centres de traitement refusent chaque année certaines quantités de calcin issu de la collecte sélective du verre d’emballages ménagers. Ce verre est écarté des chaînes de recyclage car il est considéré non conforme aux Prescriptions Techniques Minimales.

Ce verre est alors à la disponibilité des collectivités locales pour son élimination ou sa mise aux PTM. Cependant les collectivités, pour des raisons pratiques et financières, préfèrent le stocker en centre d’enfouissement plutôt que de le mettre aux PTM.

Actuellement, ces refus sont soit destinés à l’enfouissement, soit destinés à des voies alternatives (enrichissement des mâchefers 71 destinés au remblais routier, etc.)

2.3    L'augmentation du taux de calcin dans la production du verre


Une autre perspective technique est envisageable pour accroître la quantité de verre recyclée, c’est l’augmentation du taux de calcin dans la fabrication de produits verriers.

2.3.1. Le verre d'emballages ménagers


La possibilité d’augmenter le taux de calcin dans la fabrication du verre d’emballages ménagers est directement liée à la séparation du calcin par couleur.

Dès la mise en place de la séparation du verre incolore issu de déchets d’emballages ménagers les quantités de verre recyclé augmenteront.

En effet, le flux de verre incolore recyclable est estimé à près de 600 000 tonnes 72. Ce gisement se trouvant au départ dans le flux de verre mixte, 600 000 tonnes de verre coloré supplémentaires pourront donc être recyclées

De plus, la capacité d’absorption actuelle du calcin en mélange dans les fours verriers  pour la fabrication d’emballages colorés est de l’ordre de 60 à 80 %. Dès que la séparation par couleur sera mise en place, les capacités d’absorption du calcin coloré, dépourvu de calcin incolore pour la fabrication de verre coloré, pourront être augmentées à près de 90 %.
L’accroissement des quantités de verre coloré et incolore recyclées et l’augmentation de leur proportion dans la fabrication permettront d’augmenter les quantités recyclées de près de 50 %.

2.3.1. Le verre d'emballages ménagers


Chaque type de produit verrier peut absorber du calcin lors de sa fabrication. Pour certains, ce calcin doit être de même nature que le verre fabriqué (les verres à vitres et les verres techniques), et pour d’autres différentes sortes de calcin (les fibres d’isolation).

Fibres d’isolation

Les fibres d’isolation sont plus communément appelées laine de verre.

La laine de verre a l’énorme avantage de pouvoir intégrer quasiment tous les types de verre récupérés dans sa fabrication. Le verre d’emballage, le verre à vitres et les refus de centres de traitement sont principalement utilisés dans la fabrication. De plus, du calcin issu d’écrans de télévision peut être introduit lors de la fabrication de ce produit.

Actuellement en France, le taux moyen d’introduction du calcin dans les fibres s’isolation est proche de 45% 73. Les quantités ingérées peuvent encore être augmentées.

Les verres plats

La quantité de calcin introduite actuellement dans le verre plat est très faible comparée aux autres secteurs du verre, soit 20 à 35 %. L’introduction de si faibles quantités de calcin s’explique principalement par le faible taux de captage du verre issu des déchets de verres plats.

Actuellement, le gisement principal de déchets de verres plats se trouve dans le secteur du bâtiment. Tant que la démolition sera préférée à la déconstruction, les quantités de verres plats à destination du recyclage n’augmenteront pas ou très peu.

Les verres techniques

Le principal problème rencontré au niveau de l’incorporation de calcin dans les verres techniques est la quantité de calcin disponible très largement insuffisante.

Concernant le verre d’écrans, les quantités de calcin collecté et traité devraient augmenter avec le décret relatif à la prévention et à la gestion des déchets d'équipement électriques et électroniques (DEEE) 74 mis en application depuis le 15 novembre 2006.

En effet, quand la collecte des verres techniques, et notamment celle des écrans à tube cathodique, sera généralisée, les quantités pouvant être traitées et recyclées dans la fabrication d’écrans seront plus importantes. Cependant, un autre problème apparaît, la disparition et le remplacement progressif des écrans à tubes cathodiques par les écrans plats. De ce fait la fabrication des cônes et dalles d’écrans a complètement disparue du territoire français. La France va donc se retrouver avec un gisement de verre issu d’écrans qui ne sera pas exploitable dans la fabrication d’un produit identique.

Il est donc nécessaire de déterminer, développer et ouvrir d’autres débouchés de valorisation du verre d’écran.

2.4    L'orientation du calcin vers d'autres marché : quelques exemples


Le verre a des vertus qui lui permettent d’être utilisé dans des applications autres que celles de la fabrication du même produit dont il est issu. En effet, il peut également entré dans la composition de matériaux de construction et d’isolation, dans les peintures, ainsi que dans de nombreux autres domaines.
Actuellement plus de cinquante procédés de fabrication permettent le recyclage ou la valorisation du verre. Quelques exemples de valorisation du verre sont expliqués ci-après.

2.4.1. Utilisation en matériaux de construction


Le calcin peut être incorporé dans la fabrication du ciment de verre. Pour sa fabrication il suffit de mélanger 80 % de verre broyé très finement à 20 % d’additifs. Le calcin utilisé peut être issu du rejet de tri optique des centres de traitement du calcin d’emballages, etc. La présence d’impuretés (infusibles, papier, plastique, métaux, etc.) n’est pas gênante tant que la proportion dans le verre n’excède pas 50 %.

Actuellement, ce ciment est utilisé principalement dans la stabilisation des sols. Une application concrète de ce produit, et l’une des plus prestigieuses, est l’emploi de ce ciment pour la rénovation d’allées du château de Versailles. Mais d’autres utilisations peuvent lui être trouvées comme sur des pistes cyclables, des boulodromes, des pistes équestres, des terrains de sport, des allées de jardin, etc.

De plus, de nombreux résidus verriers (fines de verre, refus de centre de tri, calcin ménager, etc.) peuvent être utilisés comme additifs en remblais routiers. Ils peuvent servir à la stabilisation des sols et améliorent les propriétés des sous couches routières.
Ils peuvent également être intégrés à des matrices béton destinées à la production de blocs de construction. Ces blocs de bétons présentent de meilleures qualités d’isolation phonique et thermique comparé à un même bloc dépourvu de calcin.

2.4.2. Utilisation en isolation


Le calcin peut être utilisé lors de la fabrication de la mousse de verre. C’est un verre expansé qui contient jusqu'à 44 % en masse de calcin et le reste de matières premières naturelles, principalement de la silice (SiO2), de l’oxyde de sodium (Na2O) et de la chaux (CaO). Le calcin actuellement utilisé a pour origine les vitres, les pare-brise, le verre d’emballages. L’utilité principale de cette mousse est l’isolation thermique.

Ce procédé a été découvert par la Société Anonyme des Manufactures des Glaces et Produits Chimiques de Saint-Gobain en 1934 et breveté le 17 juin 1935. Son mode de fabrication est le suivant :

Image46


Les matières premières (calcin et matières premières naturelles) sont enfournées et chauffées à 1 400 °C.

Le verre fondu s’écoule en continu du four et refroidit. Après solidification, le verre est broyé pour obtenir des grains de l’ordre de 0,4 micromètres de diamètre. Cette poudre est alors enfournée dans un four de moussage à laquelle est ajouté 0,2 % de noir de carbone pour provoquer le gonflement.

Ce mélange, une fois gonflé, est alors coulé dans un moule. Dès que la mousse a fini de gonfler et s’est légèrement solidifiée, elle est démoulée et passée dans un four de recuit pour durcir. Après la recuisson, elle est mise en forme de plaques ou de granulats.

Cette mousse accepte du calcin issu des emballages en verre contenant des infusibles. L’impact des infusibles sur le produit fini est nul.

Les plaques et les granulats, obtenus à partir de la mousse de verre, sont un très bon isolant à la fois thermique et phonique. De plus cette mousse est chimiquement très résistante, imputrescible, résistante au feu et non absorbante.

Des études seraient actuellement en cours pour insérer du calcin issu du verre d’écran dans la fabrication de cette mousse expansée. En effet, elle aurait la capacité de neutraliser les métaux lourds contenus dans le verre. Cette mousse ne servirait, à priori, pas d’isolant thermique, mais plutôt d’isolant phonique.

Une seconde utilisation du calcin dans l’isolation est son incorporation lors de la fabrication des fibres de verre. Actuellement 50 % des matières premières peuvent être remplacées par du calcin. Ce marché est actuellement le deuxième marché pour le calcin issu du verre d’emballages ménagers.

2.4.3. utilisation dans les céramiques


Le calcin peut être intégré dans la fabrication de l’ensemble des produits en céramiques. Il s’agit de tuiles, de dalles, de carrelage, de lavabos, de WC, de baignoires, de briques, etc.

Ces produits et le calcin ont les mêmes constituants de base que sont la silice (SiO2), l’oxyde de sodium (Na2O) et la chaux (CaO). L’incorporation de calcin dans leur fabrication a de nombreux avantages. En effet, il permet de faire des économies de matières premières et d’énergie (la température de fusion du verre est inférieure à celle des céramiques). De plus, il est apprécié pour son aspect brillant, poli et coloré.

Son utilisation dans les céramiques confère aux produits une amélioration de certaines propriétés (imperméabilité, résistance aux chocs thermique ainsi qu’une meilleure adhérence.

2.4.4. Utilisation dans les peintures


Le calcin peut être incorporé dans la composition de certaines peintures. Ces peintures sont de deux types :

  • les peintures de signalisation routière : le calcin y est incorporé sous la forme de microbilles qui confèrent à la peinture un fort pouvoir réfléchissant. Ces peintures sont principalement utilisées sur les routes, les panneaux routiers et les vêtements de travail de nuit.
  • les peintures acryliques modifiées : le calcin y est introduit pour renforcer la structure de la peinture et lui donner de la souplesse et de l’élasticité. Ces peintures sont destinées à combler les petites fissures, prévenir les infiltrations d’eau, couvrir et lisser les surfaces comme le béton, le stuc 75, etc.

2.4.5. Utilisation en filtration


Le calcin peut également être utilisé dans des systèmes de filtration de liquides, notamment celui de l’eau.

En effet, son utilisation en remplacement du sable lui confère certains avantages :

  • une non adhésion des bactéries sur la surface lisse du calcin donc une diminution du nombre de rinçages ;
  • une masse volumique inférieure à celle du sable donc gain d’espace du système de filtration ;
  • un effet catalytique de la filtration dû à la présence de métaux, en petite quantité, dans la composition du verre.


La taille du verre est un paramètre essentiel pour garantir l’efficacité de la filtration. En effet, si les particules de calcin sont broyées trop finement, le filtre peut se bloquer rapidement. Si ces particules sont trop grosses, les petites impuretés ne sont pas filtrées. De plus, la capacité de filtrage du calcin dépend également de la proportion de silice contenue dans le verre. Les verres contenant de plus faibles quantités de silice lors de la fabrication auront une capacité de filtration moins élevée que ceux en contenant une grande proportion.

Ces filtres sont principalement utilisés pour l’eau des piscines, des aquariums, des effluents industriels, etc.

2.4.5. Utilisation en filtration


D’autres applications sont possibles afin de valoriser le calcin :

  • l'épandage sur les champs pour aérer la terre ;
  • l'utilisation des fines comme matériau de sablage ;
  • etc.


De nombreuses études sont actuellement en cours pour déterminer de nouvelles utilisations du calcin dans la fabrication de produits finis. Les critères principaux de l’utilisation du calcin dans ces produits seront :

  • économie de matières premières ;
  • économie d’énergie ;
  • la réduction des coûts ;
  • l'équilibre financier ;
  • la politique environnementale de l’entreprise.




63 Gisement estimé mathématiquement et fixé par convention par le cahier des charges annexé aux arrêtés d’agréments du 30 décembre 2004.
64 Voir VIII.4.2
65 Directive 2002/96/CE du Parlement Européen et du Conseil du 27 janvier 2003 relative aux déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE)
66 Objectif fixé dans le cadre de la directive 2002/96/CE d parlement européen et du conseil du 27 janvier 2003 relative aux déchets d'équipements électriques et électroniques.
67 Voir VII.1.1.2
68 Voir VII.1.1
69 Estimation faite par la société ERBI
70 Etude des perspectives d’évolution du tri par couleur du verre d’emballages en France - janvier 2002
71 Résidus de l’incinération des ordures ménagères récupérés en sortie de four.
72 Voir IX.2.1.1
73 Source : Saint Gobain Insulation.
74 Voir IX.1
75 Composition de plâtre ou de poussière de marbre liée avec une solution de colle forte formant un enduit qui, poli, imite le marbre.

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