LA COLLECTE,LE TRI ET LE RECYCLAGE DU VERRE DES DECHETS MENAGERS ET ASSIMILLES

LES ELABORATIONS DES VERRES - PARTIE III

L'élaboration des produits en verre, à partir des matières de base, passe par de nombreuses étapes :la préparation du lit de fusion ;

  • l'élaboration du verre ;

  • la mise en forme ;
  • la recuisson ;
  • les contrôles de qualité des produits finis.

Chaque type de verre (creux, plat et technique) a un mode d'élaboration différent.

1 - LES MATIERES DE BASE

Le verre peut être produit à partir des matières premières naturelles et/ou de verre récupéré (le calcin).

1.1 - Les matières premières naturelles

Les matières premières naturelles mélangées pour former le lit de fusion se présentent sous la forme d'oxydes de sulfures ou de carbonates à l'état naturel. Nous pouvons les différencier en trois groupes, selon leur rôle dans la préparation du verre :

  • les oxydes formateurs ;
  • les oxydes modificateurs ;
  • les oxydes secondaires.

1.1.1 - Les oxydes formateurs

La propriété principale de ces matières premières est de former la base du verre.

L'oxyde formateur par excellence dans l'industrie verrière est l'oxyde de silicium (SiO2) plus communément appelé la silice. Il se trouve à l'état naturel sous forme de sable. Cependant, tous les gisements de sable ne sont pas exploitables en verrerie. Il faut un sable contenant plus de 99 % en masse de SiO2 avec un taux d'impuretés gênantes inférieur à 0,2 % en masse (oxyde de fer2, etc.). Les sables de très grande pureté, ne contenant que 0,01 à 0,02 % en masse d'impuretés, sont réservés pour les verres d'optique, la cristallerie, et les verres incolores.
L'alumine (Al2O3) est associée à la silice pour servir également d'oxyde formateur. Ce minerai existe couramment dans les roches éruptives3 sous la forme de bauxite ou de feldspaths.

1.1.2 - Les oxydes modificateurs

La caractéristique majeure de ces composés est de modifier les propriétés de la pâte de verre afin d'en faciliter la fabrication, et aussi de rendre le verre inaltérable.

L'oxyde de sodium (Na2O) et l'oxyde de potassium(K2O) sont « les fondants » nécessaires pour abaisser de plusieurs centaines de degrés la température d'élaboration et de vitrification4 de lasilice. Ces oxydes sont introduits sous forme de carbonates (Na2CO3 et K2CO3) et de sulfates
(Na2SO4 et K2SO4). Les principales sources de pollution atmosphérique des verreries sont l'émission de gaz carbonique (CO2) et de dioxyde de soufre (SO2) émis lors de la décomposition des carbonates et des sulfates.

La chaux (CaO) est un composant important qui assure l'inaltérabilité des verres. Elle est introduite par le carbonate de calcium (CaCO3) de la craie selon la réaction suivante :

CaCO3 CaO + CO2 (gaz)

L'oxyde de baryum (BaO) est introduit dans la composition des verres d'écrans avec l'oxyde de strontium (SrO2) pour former un bouclier contre les radiations.

1.1.3 - Les oxydes secondaires

Quelques oxydes, dont le total n'excède pas 1 % en masse, sont ajoutés pour modifier la teinte ou les conditions d'élaboration du verre. Il s'agit de :

  • l'oxyde d'arsenic (As2O3) et l'oxyde d'antimoine (Sb2O3) : utilisés pour faciliter l'affinag5 ;
  • l'oxyde de manganèse (MnO2) : utilisé pour atténuer les résidus de coloration dus aux traces d'oxydes de fer ;
  • les oxydes métalliques : utilisés pour teinter le verre6.

Le tableau suivant détaille les couleurs obtenues selon le métal ajouté au verre.

Couleur de verre obtenue selon l’oxyde métallique introduit

Oxyde métallique introduit

Couleur(s) obtenue(s)

Oxyde de fer

Fe2O3

jaune brun

FeO

bleu vert

Oxyde de cuivre

CuO

bleu

Oxyde de cobalt 

CoO

bleu ou rose

Oxyde de manganèse

Mn2O3

violet

MnO

jaune pâle

Oxyde de vanadium

VO2

bleu

V2O3

vert

Oxyde de nickel 

NiO

bleu ou jaune brun

Oxyde de chrome

Cr2O3

vert clair

Oxyde de titane

Ti2O3

violet brun

1.2 - Le verre récupéré : le calcin

Le calcin est du verre récupéré à partir de déchets (ménagers et assimilés, etc.) ou directement à partir de chutes de fabrication. Il est d’abord trié et nettoyé pour éliminer toutes les impuretés. Ensuite, avant d’être introduit avec les matières premières afin de former le lit de fusion, il est broyé très finement.


L’utilisation du calcin présente de nombreux avantages pour l’environnement, ainsi que pour le verrier. En effet :

  •     elle ne nécessite pas l’extraction de matières premières naturelles et évite la consommation de 60 Kg de fuel par tonne de calcin utilisé pour l’extraction des matières premières naturelles ;
  •     elle évite le transport de matières premières naturelles sur de longues distances pour transporter le calcin sur de plus courtes distances. Elle limite donc la pollution atmosphérique due au déplacement ;
  •     elle limite le rejet dans l’atmosphère de polluants (dioxyde de carbone et dioxyde de soufre) causé par la fabrication du verre à partir de matières premières naturelles, les matières se trouvant déjà sous la forme d’oxyde (moins 200 kg de CO2 rejeté par tonne de calcin utilisé)
  •     elle diminue la température de fusion7 (le calcin doit être chauffé à une température plus basse que les matières premières naturelles pour être fondu). Elle permet donc l’économie de 40 kg de fuel par tonne de calcin utilisé.


Cependant, l’industrie ne peut pas fabriquer de verre uniquement à partir de calcin. Il est nécessaire d’introduire des matières premières naturelles afin de corriger les propriétés du lit de fusion (couleur, propriétés optiques, mécaniques, etc.) et ainsi obtenir une homogénéité dans la qualité du produit fabriqué.

De plus, la nature du calcin est très importante car elle détermine son intégration dans la composition de certains verres :

  •     le verre d’emballage coloré contient du calcin issu de verre d’emballages coloré, incolore ou mixte8 ;
  •     le verre d’emballage incolore ne peut contenir que du calcin incolore ayant pour origine les emballages ;
  •     le verre à vitres ne peut contenir que du calcin incolore essentiellement composé de chutes de découpe de verre à vitres ;
  •     le verre pour ampoules électriques et tubes fluorescents, ainsi que celui pour les écrans, ne pourront contenir que du calcin de même nature.

2 - LA PREPARATION DU LIT DE FUSION

Les proportions d’introduction du calcin et des matières premières naturelles sont différentes pour chaque type de verre.

2.1 - Pour le verre d'emballages

        2.1.1 - Le verre coloré

Le verre d’emballage coloré est le verre qui admet actuellement la plus grande part de calcin dans sa fabrication. Le système de fabrication du verre en France permet d’introduire jusqu'à 90 % de calcin dans le lit de fusion.

La quantité de calcin incorporée dépend de la teinte désirée pour le verre :

  •     le verre « vert » (bouteilles de vins, de bières, etc.) peut accepter jusqu’à 90 % de calcin mixte1 ou de couleur verte ;
  •     le verre « feuille morte » (bouteilles d’apéritifs anisés, etc.) peut accepter jusqu’à 50 % de calcin coloré mixte et jusqu’à 25 % de calcin incolore contenant moins de 5 % de verre coloré ;
  •     le verre « brun jaune » (bouteilles d’apéritifs, de bières, etc.) peut accepter 20 % de calcin coloré mixte et 30 % de calcin incolore contenant moins de 2 % de verre coloré ;


Il est donc indispensable de compléter les 10 %, ou plus, du lit de fusion par des matières naturelles introduites dans les proportions suivantes :

Proportion des matières premières naturelles du verre d’emballage coloré

SiO2

Al2O3

Na2O

CaO

Fe2O3

73 %

1 %

15 %

10 %

0,05 %


vert

Oxyde de nickel 

NiO

bleu ou jaune brun

Oxyde de chrome

Cr2O3

vert clair

Oxyde de titane

Ti2O3

violet brun

La composition des matières premières atteint 99,05 % de la masse totale à introduire. Elle devra être complétée par des constituants secondaires afin de rectifier la teinte du verre et d’améliorer les conditions d’élaboration.

        2.1.2 - Le verre incolore

Le verre d’emballage incolore peut contenir 10 % de calcin incolore contenant moins de
0,5 % de verre coloré. Le restant du lit de fusion est composé de matières premières naturelles, introduites dans les proportions suivantes :

Proportion des matières premières naturelles du verre d’emballage incolore

SiO2

Al2O3

Na2O

CaO

74 %

1 %

15 %

10 %

Les matières premières utilisées doivent être d’une plus grande pureté que celles utilisées pour la fabrication de verre coloré.
     

2.2 - Pour le verre à vitre

La préparation des produits papiers-cartons récupérés a pour but la mise en suspension des fibres et l'élimination des contaminants présents. La phase de désencrage n’est pas systématique. Elle s’applique aux produits papiers-cartons récupérés encrés, dont la consommation par l’industrie papetière française ne représente qu’un tiers de la consommation totale de produits papiers-cartons récupérés (cf. : V.2.2.2. Utilisation selon les types de produits papiers-cartons récupérés).

Le verre à vitre peut contenir entre 20 et 35 % de calcin incolore. Le restant du lit de fusion est composé de matières premières naturelles, introduites dans les proportions suivantes :

Proportion des matières premières naturelles du verre à vitre

SiO2

Al2O3

Na2O

K2O

CaO

MgO

Fe2O3

72,5 %

1,5 %

13 %

0,3 %

9,3 %

3 %

0,1 %

La composition des matières premières atteint 99,7 % de la masse totale des matières premières naturelles introduites. Elle sera complétée par des oxydes secondaires9 pour permettre le travail de la pâte de verre.
     

2.3 - Pour les verres techniques

        2.3.1 - Les ampoules électriques et les tubes fluorescents

L’introduction de calcin issu d’ampoules électriques ou de tubes fluorescents, est de l’ordre de 10 à 15 %. Les matières premières naturelles, ajoutées dans le lit de fusion sont :

Proportions des matières premières naturelles
des verres d’ampoules électriques et de tubes fluorescents
SiO2

Al2O3

Na2O

K2O

CaO

MgO

73 %

1 %

16 %

0,6 %

5,2 %

3,6 %

La composition des matières naturelles atteint 99,4 % de la masse totale des matières premières naturelles introduites, le reste est composé d’oxydes secondaires destinés à faciliter l’élaboration du verre.

        2.3.2. Les écrans à tube cathodiques et plats

La préparation de la pâte de verre pour la fabrication d’écrans à tube cathodique est légèrement différente de ce qui a précédemment été présenté. En effet, deux types de verre peuvent être distingués :

  •     le verre de la dalle (verre au baryum et au strontium) ;
  •     le verre du cône (verre au plomb).

Image04

Le verre de la dalle


Le verre issu de la dalle de l’écran contient des oxydes de baryum (BaO) et de strontium (SrO) afin d’absorber les rayons X émis par le canon à électrons (tube cathodique), pouvant ainsi servir de bouclier contre les radiations. Il contient également de l’oxyde de césium (CeO2) pour empêcher le brunissement du cône dû aux rayons X.

La capacité d’introduction de calcin dans ce verre est de l’ordre de 15 à 25 %. Le reste du lit de fusion est formé de matières premières naturelles dont la composition est la suivante :

Matières premières naturelles du verre de la dalle d’écran

SiO2

Sb2O3

ZrO2

Al2O3

Na2O

K2O

CaO

MgO

SrO

BaO

CeO2

62,00%

0,35%

1,50%

2,20%

8,00%

7,50%

0,50%

0,20%

8,50%

10,00%

0,25%

Le verre du cône


Contrairement au verre de la dalle qui est un verre au baryum/strontium, le cône est un verre au plomb (PbO). Le plomb stabilise le verre et sert de bouclier contre les radiations de rayons X. Cependant, il est toxique par inhalation et par ingestion. Il est préféré au baryum et au strontium, utilisés comme une alternative au plomb, car il a une plus grande capacité de protection contre les radiations.

Le calcin issu des cônes d’écrans est introduit à hauteur de 15 à 25 %. Le reste du lit de fusion est complété par des matières premières naturelles dans les proportions suivantes :

Matières premiéres naturelles du verre du cône d’écran

SiO2

Sb2O3

Al2O3

PbO

Na2O

K2O

CaO

MgO

SrO

BaO

52,00 %

0,25 %

4,00 %

22,00 %

6,80 %

7,80 %

3,80 %

1,80 %

0,50 %

1,00 %

Les écrans plats, quant à eux, sont composés de deux plaques de verre renfermant les éléments de technologie LCD ou plasma. La composition de ces plaques est similaire à celle du verre plat vue précédemment. Contrairement aux écrans à tube cathodique, le verre des écrans plats ne contient ni plomb, ni baryum, ni strontium car les technologies employées n’émettent pas de radiation pour le rendu image.

3 - L'ELABORATION DU VERRE

L’élaboration du verre représente l’ensemble des opérations au cours desquelles le lit de fusion (matières premières naturelles et calcin broyé) est transformé en verre fondu, apte à être mis en forme. Ces étapes d’élaborations sont :

  •     la fusion ;
  •     l’affinage et l’homogénéisation ;
  •     la braise.

3.1 - La fusion

Suivant la nature et la composition du verre, la température est progressivement élevée à
1 300 – 1 400°C. Au cours de cette montée en température, le mélange enfourné subit diverses transformations complexes : déshydratation (évaporation de l’eau résiduelle), dissociation des carbonates et des sulfates avec dégagement de CO2 et SO2, fusion de certains composants et dissolution des composants les plus résistants.
Image05
La fusion s’effectue dans des fours en matériaux réfractaires qui résistent à des températures supérieures à 1 800°C. Deux procédés sont actuellement utilisés :

  •     le procédé discontinu ;
  •     le procédé continu.

          3.1.1 - le procédé discontinu

Le procédé discontinu sert à produire des verres en petites quantités. Deux types de fours peuvent être différenciés :

  •     le four à pot permet l’élaboration de verre en faible quantité dans des pots en réfractaire, placés dans des fours chauffés au gaz ou au mazout ;
  •     le four à creuset de platine est utilisé pour les verres spéciaux.

          3.1.2 - le procédé continu

La production massive du verre industriel a lieu exclusivement dans les fours continus, dits fours à bassin, alimentés en permanence en matière. De ce fait, la quantité de verre en fusion est quasi constante dans le four. La durée de vie de ces équipements est estimée à 10 ans.
Il existe deux types de fours à bassin :

  •     le four pour verre plat ;
  •     le four pour verre creux.

Image06
La partie essentielle d’un four est la cuve (1) qui est construite en blocs réfractaires et dont l’étanchéité est assurée par le verre lui-même. Le chauffage s’effectue grâce au gaz ou au fioul lourd. Le four est équipé d’un dispositif de récupération de chaleur (9). La chaleur émise, lors de la fonte du lit de fusion, est récupérée dans des chambres à empilage de briques qui sont réchauffées. La chaleur est redistribuée sur les brûleurs (7).
Le four comporte deux séries de brûleurs et de récupérateurs, disposés de chaque coté, qui fonctionnent alternativement. Les flammes viennent directement en contact avec la surface du bassin. Les brûleurs sont réglables individuellement afin de contrôler d’amont en aval le régime thermique du four.

Les matières premières sont enfournées mécaniquement en continu (5). Le verre élaboré est fourni aux machines de mise en forme en aval par une lèvre de coulée (8) ou des puits d’étirage (ceci dépend du système de mise en forme utilisé par l’industriel).

Les étapes d’élaborations ont lieu en continu dans les différentes portions du four.

La fusion en bassin permet de diminuer considérablement le prix de revient en minimisant les dépenses en combustibles. En effet, le bassin est maintenu en température pour éviter les dépenses énergétiques dues à la remise en marche du four. Les bassins de verre plat peuvent contenir jusqu'à 1 000 tonnes de verre pour une surface de 300 m².
Image07
Les fours pour produits dits en « verre creux » ont le même principe de fonctionnement que le four précédent, à l’exception du compartiment de braise (7) qui est séparé du reste de la cuve par une « gorge » servant de siphon. Le verre est refroidi dans ce compartiment de travail pour être amené vers les machines de formage par une série de canaux de distribution en éventail (8), plus communément appelé « feeders ». Ce dispositif permet de contrôler la viscosité10 du verre et de multiplier la distribution des paraisons11 à différents postes de travail.
     

3.2 - L'affinage et l'homogénéisation

Après la fusion, la pâte de verre n’est pas homogène. Elle contient de nombreuses bulles de gaz issues de la dissociation des composants12, de l’atmosphère du four, de la réaction avec les réfractaires, etc.,  et qui se trouvent piégées dans ce milieu à forte viscosité.

Pour éliminer ces inclusions, la pâte de verre est affinée. Cette opération consiste avant tout à élever la température du verre fondu, entre 1 450 et 1 550°C, pour diminuer sa viscosité, ce qui rend la pâte de verre plus fluide.

La vitesse de remontée des bulles à la surface est ainsi augmentée et favorise l’homogénéisation de la pâte de verre. Des agents (Na2SO4 ou As2O3) sont enfin ajoutés pour affiner le verre. Cet affinage chimique, très complexe, consiste à libérer, en fin de processus de fusion, des quantités importantes de gaz qui prennent naissance sur les fines bulles déjà formées et, en augmentant leur volume, les entraînent plus rapidement vers la surface.
     

3.3 - La braise

Le verre, en fin d’affinage, a une viscosité trop faible pour pouvoir être mis en forme. Sa viscosité est donc augmentée en abaissant la température entre 1 000 et 1 200°C. Cette dernière phase de l’élaboration est appelée la braise. Cette expression date de l’époque où les fours étaient chauffés au bois et les braises étaient maintenues sur le foyer.

4 - LA MISE EN FORME

La mise en forme du verre est désormais entièrement mécanisée. Des procédés différents sont utilisés selon le type de verre (plat ou creux) mis en forme.
     

4.1 - La mise en forme du verre plat

Plusieurs procédés sont employés :

  •     le laminage ;
  •     l’étirage ;
  •     le procédé « float » ou la flottation.

        4.1.1 - Le laminage

Le laminage consiste à laisser couler la pâte de verre pour la mettre en forme.
Image08
Le verre s’écoule du four sur un déversoir, passe entre des rouleaux métalliques refroidis, écartés selon l’épaisseur de verre désirée, qui le figent en un ruban continu. Puis il est débité en plaques dont la longueur dépend du produit voulu. Il est dirigé vers un tunnel de recuisson pour relâcher les tensions internes qui empêcheraient le découpage.
La feuille brute n’est ni parfaitement plane, ni transparente. Elle doit obligatoirement subir après refroidissement des opérations de doucissage et de polissage.
Le laminage du verre a un coût de revient relativement élevé dû aux opérations de doucissage et de polissage. C’est pourquoi, il est fortement concurrencé par les procédés d’étirage.

        4.1.2 - L'étirage

L’étirage consiste à tirer la pâte de verre.
Image09
Lorsqu’une plaque solide est plongée verticalement dans le verre fondu et qu’elle est tirée lentement, elle entraîne une certaine portion de la pâte visqueuse qui monte en s’épaississant par refroidissant jusqu’au moment où il se produit une rupture. L’augmentation progressive de la viscosité dans le bulbe permet l’étirage, mais les tensions subies par le verre tendent à rétrécir la largeur et amènent la rupture de la feuille (1 et 2)

Cependant, en figeant les bords de la feuille naissante par refroidissement, pour constituer un cadre plus rigide stabilisant la largeur de la feuille, un étirage sans rupture est possible (3).

Une variante de ce procédé, le procédé Danner, est utilisée pour la fabrication des tubes luminescents.
Image10
Dans ce procédé, le verre vient enrober un mandrin légèrement incliné vers le bas et animé d’un mouvement de rotation. Une légère pression d’air à l’extrémité du mandrin empêche l’écrasement du tube. Une fois formé, le tube est entraîné par des rouleaux avant d’être découpé puis stocké.

La rentabilité de l’étirage du verre plat en milieu industriel a lui aussi trés vite trouvé ses limites. Il a été remplacé par le procédé Float qui est beaucoup plus adapté à la production du verre plat en très grande quantité et à moindre coût.

        4.1.3 - Le procédé Float

Ce procédé, inventé en 1959 par la firme anglaise Pilkington, a provoqué une véritable révolution dans l’industrie du verre plat.
Image11

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Le verre en fusion est directement coulé sur un bain d’étain au moyen d’un déversoir. Grâce aux forces et aux tensions qui s’appliquent entre le bain d’étain et le verre coulé, une feuille de verre d’épaisseur uniforme est obtenue. Cette feuille quitte alors le bain d’étain pour passer dans un tunnel de recuisson avant d’être découpée en plaques.

L’avantage principal de ce procédé est d’obtenir une qualité optique élevée et une très bonne planéité sans que ce verre ne subisse un polissage. De plus, la vitesse de sortie du verre est 5 à 10 fois plus élevée que celle des autres procédés.

Cependant, l’installation nécessite un contrôle de l’atmosphère (neutre ou faiblement réductrice) au-dessus du bain d’étain pour éviter son oxydation.

Actuellement en France, ce procédé est majoritairement utilisé pour la fabrication des verres à vitres.
     

4.2 - La mise en forme du verre creux

Pour le verre creux, des techniques de mise en forme différentes de celles du verre plat sont utilisées. Les deux techniques de mise en forme des verres creux sont le pressage et le soufflage. Elles peuvent également être combinées.

        4.2.1 - Le pressage

Le pressage est une technique qui consiste à presser une goutte de verre en fusion pour lui donner forme. Elle est utilisée individuellement pour la fabrication des cônes et des dalles d’écrans.
Image13

        4.2.2 - Le soufflage

Cette technique consiste à insuffler de l’air dans une goutte de verre en fusion pour lui donner forme. Elle est utilisée pour la fabrication des ampoules électriques. Un ruban de verre chaud est modelé par une série de creux, puis une bouche de soufflage est insérée dans ce creux, un moule se referme alors sur l’objet en cours de soufflage pour lui donner sa forme définitive.

        4.2.3 - Lees techniques combinées

Les techniques du pressage et du soufflage sont combinées pour la fabrication des verres creux et notamment des emballages. Ces techniques combinées sont :

  •     le pressage-soufflage ;
  •     le soufflage-soufflage.


Le pressage-soufflage

Par cette technique, le verre est tout d’abord pressé pour ensuite être soufflé afin d’être mis en forme.
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Dans ce procédé de fabrication, une quantité définie de verre en fusion (la paraison) tombe du feeder dans un moule préparatoire. Puis cette goutte de verre est pressée pour former une ébauche du produit. La préforme obtenue est démoulée et transférée vers le moule final, puis elle est réchauffée pour être terminée par soufflage. Cette technique, appelée pressage-soufflage, permet de former des pots et bocaux.

Le soufflage-soufflage

Par cette technique, le verre est soufflé deux fois pour être mis en forme
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Dans ce mode de mise en forme, une goutte de verre en fusion, en quantité définie, est chargée dans un moule préparatoire. Dans ce moule, la goutte est d’abord compressée, pour être ensuite percée et soufflée afin d’obtenir une préforme. Cette préforme est transférée dans un moule final où elle est réchauffée. Le soufflage définitif permet de donner forme au produit fini. Le procédé de soufflage-soufflage est principalement utilisé pour la fabrication des verres d’emballage comme les bouteilles.

5 - LA RECUISSON


Le verre mis en forme (qu’il s’agisse de verre plat ou de verre creux), doit subir une recuisson. En sortie de chaîne de production, la température du verre avoisine les 650°C. Les parois extérieures se refroidissent plus vite que l’intérieur du verre en raison de sa mauvaise conductivité thermique. Des contraintes apparaissent au sein du matériau. Afin de les annuler, le verre est soumis à un traitement thermique compris entre 500 et 550°C. Cette opération se déroule dans un four appelé arche de recuisson. Dans un premier temps, la température augmente rapidement. Dans un second temps elle diminue lentement afin d’éviter la formation de nouvelles contraintes.
Sans cette étape, la plupart des objets fabriqués se fissureraient ou se briseraient.

 

6 - LES CONTROLES DE QUALITE DES PRODUITS FINIS

La production de papiers-cartons s’élève en France à 9,6 millions de tonnes pour l’année 1999. Ce chiffre place la France au 4ème rang européen des

Comme dans toute industrie, le contrôle de la qualité du produit en sortie est primordial pour détecter les variations de production et satisfaire les attentes des clients. En fonction du produit, différents tests sont pratiqués pour respecter la conformité au cahier des charges13 de l’entreprise cliente.
     

6.1 - Pour le verre d'emballage

Un premier test, effectué sur la matière fondue, consiste à passer un échantillon de verre dans un appareil mesurant la couleur ou la transparence de la matière (spectrocolorimètre). Si le résultat n’est pas conforme, le cahier de teintes indique l’ensemble des modifications à apporter au lit de fusion pour le mettre en conformité.
Puis plusieurs tests sont effectués sur la matière mise en forme afin de garantir la qualité du produit fini. Il s’agit des tests suivants :

  •     le test de compression : garantit la solidité de l’emballage ;
  •     le contrôle de la planéité de la bague : évite tout problème lors du capsulage ou du bouchonnage ;
  •     le contrôle d’aspect : détecte la présence de glaçures14, de bulles, de grains infondus, etc. pouvant entraîner une fragilité à long terme de l’emballage ;
  •     le contrôle dimensionnel : mesure la longueur totale, le diamètre intérieur et extérieur, etc., par vision automatique, sur l’ensemble de la production ;
  •     le contrôle du corps et du fond de la bouteille : repère les défauts et fissures de l’emballage.

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6.2 - Pour le verre plat

Un premier test est effectué sur la matière en fusion afin de contrôler la transparence, de la même manière que pour les verres creux. Puis, des contrôles dimensionnels et d’aspect sont effectués sur le produit fini, afin de garantir sa qualité et la constance de ces caractéristiques.

6.3 - Pour les autres verres plat

        6.3.1 - Les ampoules électriques et les tubes fluorescents


Lors de la production des verres d’ampoules électriques et de tubes fluorescents, les tests suivants sont effectués :

  •     le test de transparence pour observer la conformité de teinte (spectrocolorimètre) ;
  •     le test de compression pour garantir la solidité du verre ;
  •     le contrôle dimensionnel pour vérifier les dimensions et garantir l’adaptation du culot ;
  •     le contrôle du corps pour repérer les éventuels défauts.

          6.3.2 - Les écrans

Les tests appliqués au verre d’écran sont des plus complets. En effet, la qualité de ce verre, qui sert de barrage aux rayons X, est primordiale et les tests suivants sont pratiqués :

  •     le test de transparence au spectrocolorimètre ;
  •     le contrôle dimensionnel de la dalle et du cône ;
  •     le contrôle de la composition du verre et de son homogénéité ;
  •     le test de compression ;
  •     le contrôle de l’aptitude du verre à arrêter les rayons X ;
  •     les autres tests demandés spécifiquement par le client.


 

7 - LES PROBLEMES ERNCONTRES LORS DE LA FABRICATION ET LEURS SOLUTIONS


Certains problèmes peuvent être rencontrés lors de la fabrication du verre. Ils peuvent provenir notamment du calcin utilisé dans la fabrication.

7.1 - La nature du calcin

La nature du calcin utilisé dans la fabrication d’un verre est très importante. En effet, il faut qu’il ait une composition quasi similaire au verre produit afin de ne pas trop altérer les propriétés physiques ou chimiques15 attendues. C’est pourquoi, certains type de calcin doivent être exclus lors de la fabrication en raison de leur réactivité ou de leur composition. Ces calcins sont ceux issus  :

  •     les verres armés et feuilletés (ex : pare-brise) qui introduisent des matières organiques16 ;
  •     du cristal qui apporte du plomb17 ;
  •     de la vitrocérame, verre très résistant à la chaleur qui apporte des infusibles18 ;
  •     de la verrerie médicale qui est soumise à des conditions spécifiques quant à son élimination et son recyclage (décret 97-1048 relatif à l’élimination des déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés)


Pour éviter que ces verres ne se retrouvent dans le calcin réutilisable, il faut tout d’abord effectuer une communication appropriée auprès des usagers. Il faut, en particulier, indiquer quels sont les verres qui ne doivent pas être jetés avec les verres ménagers. Ce type de communication nécessite une collaboration étroite entre les industriels et les collectivités locales. En effet, ces dernières ne disposent pas toujours des connaissances techniques permettant d’expliquer aux habitants les causes de ces interdictions.

De plus, les centres de traitements19 doivent se munir de toutes les technologies nécessaires afin d’extraire les « verres étrangers » du flux à traiter.

Enfin, si des problèmes de qualité du verre sont constatés de manières répétitives, et notamment des erreurs de tri (présence de vitrocérame par exemple), le centre de traitement doit en rechercher la cause et engager une démarche préventive, afin de garantir ses propres normes de qualité. La mise en œuvre d’une pénalisation financière de la collectivité locale ne permet généralement pas de régler le problème.

7.2 - Les infusibles

Les infusibles peuvent se présenter sous forme de bouchon, vaisselle, élément de décoration en porcelaine, faïence, grès, vitrocérame, céramique ou sous la forme de carrelage cailloux, graviers, ciments, etc.
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Le principal inconvénient de ces matériaux est d’avoir une température de fusion plus élevée que celle du verre, d’où l’appellation d’infusible. La présence de ces matériaux dans le calcin génère des tensions dans le verre produit et le fragilise. Les infusibles augmentent le taux de casse dans l’industrie de fabrication et de sous-traitance (ex.: lors de l’embouteillage) et introduisent un risque chez les consommateurs.

La première chose à faire serait d’éviter la mise sur le marché de produits verriers combinés à des infusibles, comme certaines bouteilles de limonade, de bière, etc. Or, de plus en plus de produits de consommation comprenant des bouchons en céramique sont proposés par l’industrie afin de répondre à un effet de mode des produits dits « à l’ancienne ». Cependant, certains efforts ont été faits par des entreprises qui, pour continuer à utiliser ce type de bouchon, auraient préféré le remplacer par du verre blanc ou du plastique afin d’éviter les désagréments engendrés par la céramique.

Les collectivités locales devraient également mettre en place une communication de prévention auprès de leurs usagers, pour indiquer exactement les types de déchets qui ne doivent pas être mélangés avec le verre d’emballages ménagers. De plus, elles peuvent toujours introduire des consignes supplémentaires (par exemple de mettre les bouteilles de verre avec une capsule en céramique dans les ordures ménagères résiduelles).

Enfin, pour garantir une régularité dans la qualité du verre fourni aux verriers, les centres de traitement20 doivent s’équiper des machines de détections optiques sur les chaînes de traitement afin d’éliminer les éventuels résidus d’infusibles dans le flux.

7.3 - Les éléments organiques

Les éléments organiques, comme le bois, le caoutchouc, les matières plastiques, les putrescibles (aliments, déchets verts), le papier, etc., se comportent comme des éléments réducteurs lors de la fusion du verre. Ils favorisent l’absorption de l’oxygène, nécessaire pour les étapes d’affinage et d’homogénéisation21, et forment du gaz carbonique. La présence de ce dernier peut entraîner des modifications du bain de verre avec pour conséquences une variation de la teinte et la présence de mousse sur le bain de fusion.

C’est pourquoi les centres de traitement22 trient et nettoient le calcin, par des procédés mécaniques, pour permettre ensuite son utilisation dans les fours verriers.
     

7.4 - Les métaux et alliages métaliques

Trois catégories de métaux peuvent marquer leur présence lors de la fusion du verre et entraîner une modification du bain de fusion :

  •     le fer, le cuivre, le nickel, etc. peuvent produire des traînées colorées23 ou modifier la teinte du bain de fusion ;
  •     l'aluminium fragilise le verre lors de sa mise en forme ;
  •     le plomb est un vrai poison pour les fours verriers classiques. Il s’infiltre dans les joints du four, les casses et peut provoquer des coulées de verre accidentelles.


Pour empêcher toutes ces réactions, il est donc indispensable que les centres de traitement24 mettent en place les moyens mécaniques (courants de Foucault, overband) nécessaires, ce qui est généralement le cas, à l’élimination de ces métaux.
     

7.5 - Les solutions à retenir


Afin d’éviter la présence de ces éléments totalement indésirables dans le flux de verre, un travail à chaque niveau s’impose :

  •     les producteurs de biens emballés doivent limiter la commercialisation de produits en verre combinés à des matériaux considérés comme indésirables (bouchons en céramiques) ;
  •     les collectivités locales doivent, en partenariat avec les industriels, communiquer de manière pertinente auprès des usagers afin de les sensibiliser à cette problématique ;
  •     les industriels doivent mettre en place dans les centres de traitement l’ensemble des technologies nécessaires pour éliminer la totalité des indésirables afin de répondre aux impératifs de qualité imposés par les verriers.

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