REFLEXIONS ET PISTES SUR LE TRAITEMENT MECANO-BIOLOGIQUE

COUTS - PARTIE V

L’évaluation des coûts demeure très difficile dans la mesure où il n’existe pas de données générales sur les montants mis en jeu par les TMB en France et que les installations existantes à l’heure actuelle sont très différentes les unes des autres. Les éléments fournis par la suite permettent néanmoins de connaître la fourchette représentative.

1 - COUTS LIES A UNE INSTALLATION DE TMB EN VUE DU COMPOSTAGE

Au regard des installations existantes et des quelques études faites sur le sujet, le coût d’investissement d’une unité de TMB avec compostage est compris :

  • entre 500 et 690 M€ HT/tonne traitée si sa capacité est inférieure à 100 000 tonnes,
  • entre 400 et 600 M€ HT/tonne traitée si sa capacité est supérieure à 100 000 tonnes.

Ce coût se répartit de la façon suivante : 40 % de génie civil et 60 % pour le process. La variabilité de ce coût dépend du niveau technique des équipements et du choix du procédé employé.
Le coût de fonctionnement de l’installation varie entre 80 et 130 € HT/tonne (hors collecte), avec une moyenne proche de 90 € HT/tonne, il inclut les exutoires finaux et les amortissements. Les écarts sont donc très importants, ils sont dus au fait que chaque usine possède une capacité spécifique, utilise des technologies particulières et présente des caractéristiques locales qui lui sont propres. De plus, en général ce coût dépend de l’âge de l’unité, plus l’installation est récente plus il est élevé. En fonction de l’implantation du site, les contraintes environnementales peuvent également augmenter ce coût. Cependant le coût de fonctionnement semble dans la majorité des cas plus faible que celui d’une usine d’incinération. De plus, avec la mise en place de la TGAP pour l’incinération et le stockage, le différentiel de coût avec le TMB risque d’être un peu plus important, bien qu’il sera pondéré par l’augmentation du coût de gestion des refus qui suivront ces exutoires.
Sur le plan économique, pour atteindre l’équilibre financier il est indispensable que le compost trouve des débouchés et donc soit conforme à la norme. Le TMB ne présentera aucun intérêt économique si un compost non-conforme est produit, car il devra être éliminé en centre de stockage ce qui constituera des coûts supplémentaires.

Une analyse technico-économique réalisée par l’ADEME en 2008 sur les opérations de gestion biologique des déchets montre que le coût complet du TMB, en cumulant la collecte et le traitement des OMR et des déchets verts (déchèteries), est compris entre 130 € HT/tonne et 170 € HT/tonne. Tandis que le coût complet de collecte et de traitement des déchets fermentescibles collectés sélectivement, des OMR et des déchets verts varie entre 120 et 220 € HT/tonne avec une moyenne aux alentours de 160 € HT/tonne.
Sur les deux collectivités possédant une installation de TMB étudiées dans cette analyse, l’une affiche le coût complet de la gestion globale des déchets le plus faible avec 125 € HT/tonne, tandis que l’autre présente un coût complet équivalent à celui de la collecte sélective, environ 190 € HT/tonne.
Si l’installation de TMB est bien intégrée à l’ensemble de la chaîne de gestion des déchets, si elle fonctionne de manière optimisée et si le compost répond à la norme NFU 44-051, le TMB présente des coûts équivalents voire inférieurs à ceux de la collecte sélective.
Cependant seules deux installations de TMB sont présentées dans cette étude, ces données restent donc des observations particulières et il n’est pas possible d’établir de règle générale.

2 - COUTS LIES A UNE INSTALLATION DE TMB EN VUE DE LA METHANISATION

La difficulté pour l’analyse de ces coûts est l’absence de données pour des installations récentes.
Une unité de TMB avec méthanisation nécessite un coût supérieur d’investissement et de fonctionnement par rapport à une installation de compostage. Le coût d’investissement est compris :

  • entre 530 et 630 M€ HT/tonne traitée pour une unité de capacité inférieure à 100 000 tonnes,
  • entre 500 et 660 M€ HT/tonne traitée pour une unité de capacité supérieure à 100 000 tonnes.

Le génie civil représente une part plus importante pour ce type d’installation que pour celles de compostage, environ la moitié du coût d’investissement.
Le coût de fonctionnement, qui ne comprend pas la collecte mais inclut la gestion des refus et les amortissements, est évalué entre 110 et 160 € HT/tonne, mais d’après les observations, ce coût se rapproche plus de 200 € HT/tonne. L’utilisation de techniques spécifiques à chaque installation et la difficile représentativité des données, due au faible nombre d’usines de méthanisation en France, expliquent ces différences.
Le but de la méthanisation est de produire du biogaz afin de le valoriser, la totalité du biogaz produit doit donc être dirigée vers les filières de valorisation choisies.
En dehors des phases de maintenance, le biogaz ne doit en aucun cas être brûlé en torchère car cela représente une perte de recette importante, en plus d’être néfaste pour l’environnement, d’où la nécessité de disposer d’une capacité de stockage suffisante pour répondre aux fluctuations de la production.
Dans tous les cas, les coûts d’investissement et de fonctionnement pour la méthanisation sont relativement élevés. Pour qu’ils restent supportables, il semble plus intéressant d’envisager ce type de traitement dans de grandes agglomérations pouvant créer des unités d’une capacité d’au moins 80 000 tonnes.

3 - COUTS LIES A UNE INSTALLATION DE TMB EN VUE DE LA STABILISATION

Le coût d’investissement pour une unité de traitement mécano-biologique en vue de la stabilisation est estimé entre 150 et 300 € HT/tonne. Cet écart est dû aux très grandes différences de complexité des technologies employées.
Le coût de fonctionnement d’une installation de stabilisation est évalué entre 70 et 80 € HT/tonne, hors collecte. L’exutoire des déchets étant le centre de stockage, il n’est pas utile d’investir plus que nécessaire en complexifiant le procédé.
La différence de coût par rapport à une simple mise en décharge est de 10 à 15 € HT/tonne, elle se justifie par l’intérêt environnemental que représente ce procédé en diminuant l’émission des gaz à effet de serre.

4 - AIDES

4.1 - Subventions

Il est possible d’obtenir des subventions pour l’investissement mais elles restent assez modestes. A l’heure actuelle, les organismes qui subventionnent les projets de traitement mécano-biologique en vue du compostage et de la méthanisation sont les Conseils généraux, les Conseils régionaux et le FEDER[7]. L’ensemble de ces subventions sont peu élevées, la part accordée par chaque organisme est évidemment fonction du contexte local et du projet présenté.
Aujourd’hui, l’ADEME n’accorde aucune subvention au compostage ou à la méthanisation de la fraction fermentescibles des OMR issus de TMB car elle privilégie la collecte sélective des déchets fermentescibles.

4.2 - Soutiens

Avec le nouveau barème E d’Eco-Emballages, il est possible d’obtenir des soutiens pour les papiers-cartons et les métaux.

Pour la valorisation organique, le soutien aux déchets de papiers-cartons est de 80 € par tonne d’emballages ménagers résiduels de papiers-cartons complexés (ELA) et non complexés entrante dans l’unité de compostage et/ou de méthanisation.
Ce soutien n’est accordé que si la collectivité collecte et trie prioritairement les papiers-cartons en vue du recyclage. L’installation doit également répondre à la réglementation en vigueur et produire un compost conforme à la norme 44-051.
Pour la valorisation du biogaz issu de la méthanisation, il existe une bonification au soutien unitaire de :

  • 5 € par tonne d’emballages ménagers résiduels de papiers-cartons pour la valorisation électrique,
  • 15 € par tonne d’emballages ménagers résiduels de papiers-cartons pour les autres modes de valorisation (dont la cogénération).

Pour obtenir cette bonification, l’usine doit atteindre des seuils minimaux de puissance :

  • pour la valorisation électrique, le rendement moyen doit être supérieur à 100 kW/h/tonne entrante,
  • pour la cogénération, le rendement moyen doit être de 200 kW/h/tonne entrante.

Pour les autres modes de valorisation du biogaz (injection réseau ou carburant), le président de la collectivité doit attester de l’utilisation effective du biogaz.

Le soutien pour les métaux récupérés sur les unités de compostage, de méthanisation et de tri mécano-biologique est de 62 €/tonne pour l’acier et de 278 €/tonne pour l’aluminium. Les métaux extraits de TMB ou de méthanisation doivent être de qualité assimilable à des métaux issus d’une unité de compostage. Afin d’atteindre les prescriptions techniques minimales fixées par Eco-Emballages, certaines installations doivent effectuer un surtri des métaux qui sont pollués par les plastiques.

Le cahier des charges d’Eco-Emballages précise la possibilité de mettre en place des standards expérimentaux relatifs à l'extraction des déchets d'emballages ménagers en plastique rigide dans des unités de TMB, des soutiens devraient donc être apportés au cas par cas dans le cadre de suivi de pilotes. Cependant rien n’est prévu dans le contrat…


[7] FEDER : Fonds Européen de Développement Régional

flecheretour

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