REFLEXIONS ET PISTES SUR LE TRAITEMENT MECANO-BIOLOGIQUE

GISEMENT DE DECHETS CONCERNES - PARTIE III

1 - CARACTERISTIQUES


1.1 - Composition

Les déchets arrivant en entrée d’une installation de traitement mécano-biologique sont les ordures ménagères résiduelles (OMR). Ils correspondent à la part d’ordures ménagères restant après les collectes sélectives. Ils sont donc composés de divers éléments (voir tableau ci-après). Les OMR représentent en moyenne 316,2 kg/hab/an, soit environ 80 % de la quantité totale des ordures ménagères.

Composition des Ordures Ménagères Résiduelles en 2007
(Source ADEME - MODECOM[3])

Catégories En kg/hab/an
Déchets putrescibles 97,8
Papiers 32,7
Cartons 18,0
Composites 5,3
Textiles 7,3
Textiles sanitaires 33,2
Plastiques 36,1
Combustibles 7,7
Verre 18,2
Métaux 9,1
Incombustibles 8,1
Déchets dangereux 2,6
Eléments fins < 20 mm 40,1
Total 316,2

tmb01

Le traitement mécano-biologique a pour objectif d’extraire la fraction fermentescible des ordures ménagères résiduelles. Cette fraction comprend :

  • les déchets putrescibles composés des déchets biodégradables de jardin ou de parc, des déchets alimentaires ou de cuisine issus des ménages,
  • les papiers et les cartons,
  • et la fraction papiers souillés des textiles sanitaires.

L’ensemble de ces déchets représente 51,35 % des OMR soit 162,3 kg/hab/an.

En fonction du type d’installation d’autres déchets peuvent être acceptés dans une unité de TMB, il s’agit de déchets organiques comme les déchets verts collectés sélectivement, les boues de stations d’épurations, les déchets de l’agriculture tels que les lisiers, fumiers, ou encore les déchets de l’industrie agro-alimentaire tels que les épluchures.
Ces déchets, à l’exception des boues de stations d’épuration, sont mélangés :

  • soit aux ordures ménagères résiduelles en tête du traitement pour répondre à la capacité de l’installation,
  • soit à la fraction fermentescible séparée mécaniquement comme structurant au cours du process.

Les boues issues du traitement des eaux usées ne peuvent être ajoutées qu’à un compost déjà conforme.
Le mélange ne doit se faire que s’il y a un intérêt à traiter différents flux conjointement, par exemple pour optimiser la vitesse de dégradation. Si l’objectif de l’installation est de produire du compost, le mélange ne doit pas affecter sa qualité.
Un projet de décret relatif aux gros producteurs de biodéchets imposera un tri à la source, il ne serait donc pas pertinent de mélanger les déchets visés par cette réglementation avec des OMR.

1.2 - Particularité

D’après l’étude du MODECOM de l’ADEME, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a que très peu de différence (3 à 4 %) de composition de la fraction fermentescible des OMR entre le milieu urbain, péri-urbain et rural, elle est quasi identique quelque soit le type de milieu.

Cependant les observations de terrain indiquent, par contre, que sur une année il existe de fortes variations dues à la saisonnalité. En effet, il y a une production plus élevée de déchets de jardin et d’espaces verts entre mai et septembre. Ces variations doivent donc être prises en compte dans le fonctionnement de l’installation de TMB. Le dimensionnement de la fosse et la capacité de stockage doivent être adaptées à ces pics de production de déchets.

1.3 - Evolution de la composition

Depuis une quinzaine d’années, la composition des OMR a évolué. Ce changement est essentiellement dû à une modernisation de la gestion globale des déchets et à une modification de la constitution des produits mis sur le marché. D’après l’étude du MODECOM entre 1993 et 2007 la matière organique totale présente dans les OMR a augmenté d’environ 6%. De plus, des analyses plus poussées font apparaître une baisse de la toxicité de ces déchets. La plupart des éléments traces métalliques ont nettement diminué dans les OMR.

Evolution de la teneur en métaux des OMR

Composant Diminution observée  entre 1993 et 2007
Cuivre 94,66%
Cadmium 67,50%
Chrome 52,46%
Nickel 58,33%
Zinc 69,90%
Mercure 96,67%
Arsenic 50,00%
Sélénium -10,00%

Ces éléments traces métalliques (E.T.M.) sont essentiellement présents dans les plastiques, les métaux, le verre et les composites.
La baisse de la teneur en métaux est due à l’évolution de la gestion des déchets. Notamment la mise en place de la collecte sélective des déchets d’emballages ménagers a permis de réduire les plastiques présents dans les OMR, sources d’E.T.M.. Un certain nombre d’éléments polluants ont été extraits grâce au développement des réseaux de déchèteries, mais aussi sous l’impulsion de la création des filières à responsabilité élargie des producteurs. Les déchets d’équipements électriques et électroniques ou encore les piles suivent une filière dédiée et ont ainsi été retirés en partie des OMR.
La diminution de la présence d’éléments traces métalliques dans les OMR résulte aussi d’un changement des composants utilisés dans les produits, par exemple les encres d’imprimerie sont à base de composés organiques et non plus de métaux. Les débuts de l’éco-conception ont permis d’améliorer la composition de certains produits en réduisant leurs impacts environnementaux.
Les données du MODECOM datant de 2007, on peut supposer que la constitution des OMR en éléments traces métalliques a encore diminué depuis.

Cette évolution de la composition des OMR a permis d’améliorer de manière significative le compost produit à partir de TMB par rapport au début de la création de ce type d’installation.
La composition des OMR devrait dans l’avenir encore évoluer avec la réglementation, notamment avec le règlement REACH qui restreint l’emploi de certaines substances chimiques et de nouvelles filières de responsabilité élargie des producteurs comme celle des déchets diffus spécifiques qui va extraire de nouvelles quantités.

AVIS DU CERCLE NATIONAL DU RECYCLAGE :
La mise en place de collectes sélectives des déchets d’emballages et du verre, la présence de réseaux de déchèteries pour collecter les déchets dangereux devraient être des conditions nécessaires et obligatoires pour créer une installation de TMB en vue du compostage.
Pour s’assurer d’obtenir la meilleure qualité de compost possible, il est important que les flux de déchets présentant des éléments polluants soient écartés au maximum notamment en développement un réseau important de déchèteries ou une collecte de proximité pour les déchets dangereux. La création de TMB peut être compromise si le tri des déchets d’emballages n’est pas bien appliqué par les citoyens et s’ils n’ont pas facilement accès à une déchèterie car si des déchets, comme un solvant, se retrouvent dans les OMR ils risquent de polluer le reste du gisement et d’être à l’origine de la production d’un compost non-conforme. Ainsi dans les grosses agglomérations où l’habitat vertical est fortement présent, la mise en place d’un TMB peut être délicate et doit être évité s’il n’est pas possible de faire respecter les consignes de tri.

2 - POTENTIEL DE VALORISATION ORGANIQUE

D’après les données du MODECOM de l’ADEME sur la composition des ordures ménagères de 2007, il est possible d’estimer le potentiel de valorisation organique des ordures ménagères résiduelles à 59 % (voir Annexe I), dont :

  • 29,7 % pour les déchets putrescibles avec 22,8 % de déchets alimentaires, 4,7 % de déchets de jardin et 2,2 % de produits alimentaires non consommés sous-emballage ; les ?autres putrescibles” (cadavres d’animaux, excréments, croquettes et aliments pour animaux, peaux de lapin) n’ont pas été intégrés à cette part valorisable ;
  • 10,3 % pour les papiers ;
  • 5,7 % pour les cartons ;
  • 4,4 % de textiles sanitaires correspondant à la fraction papiers souillés (mouchoir en papier, essuie-tout…)
  • et 8,9 % d’éléments fins.

Ce potentiel de valorisation peut représenter 186,6 kg/hab/an, soit environ 12 millions de tonnes. Même s’il est probablement surestimé, il reste non négligeable.
L’objectif du Grenelle d’atteindre un taux de recyclage de 75 % pour les déchets d’emballages réduira les quantités de papiers et cartons présents dans les OMR et donc ce potentiel.
L’exploitation de ce potentiel de valorisation dépend des modalités de collecte et des consignes de tri.

La collecte sélective des biodéchets permet à l’heure actuelle de recueillir en moyenne entre 40 et 50 kg/hab/an de déchets putrescibles. Les collectivités territoriales qui acceptent les cartons ou les déchets verts possèdent évidemment des performances de collecte plus élevées, supérieures à 100 kg/hab/an. Si cette collecte sélective permet de produire un compost répondant à la norme, pour certains territoires les quantités collectées sont plus faibles que celles escomptées.
En milieu urbain, une des difficultés réside dans la mise en place d’un bac supplémentaire dédié aux déchets fermentescibles particulièrement en habitat vertical.
La collecte sélective des déchets fermentescibles peut également engendrer un coût supplémentaire élevé puisqu’en général une tournée de ramassage est ajoutée, surtout dans les milieux où les distances à parcourir sont plus importantes.
Ces constats (difficulté de mise en place, surcoût) amènent les collectivités locales à s’interroger sur les autres modes possibles de gestion de la fraction fermentescible comme le TMB.

Lorsqu’il existe une collecte sélective des biodéchets sur le territoire, la quantité de déchets fermentescibles présents dans les OMR sera faible, ce qui annule littéralement l’intérêt de mettre en place une installation de TMB. De plus, il est délicat de communiquer aux habitants deux messages semblant contradictoires sur les consignes de tri des déchets organiques. Ces dernières risquent d’être mal comprises et d’entraîner un désengagement des usagers pour la collecte sélective des déchets organiques. En conséquence, il ne paraît pas pertinent de mettre en place une collecte sélective des déchets fermentescibles triés à la source avec une unité de TMB sur OMR sur un même territoire.

AVIS DU CERCLE NATIONAL DU RECYCLAGE :
Avant la création d’une installation de TMB pour permettre son dimensionnement, une étude qualitative et quantitative doit être menée pour connaître le gisement potentiellement captable au niveau local. Ainsi sur les territoires en collecte sélective des déchets fermentescibles, il est quasi improbable qu’une installation de TMB sur OMR soit pertinente.

[3]MODECOM

flecheretour

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