LES EMBALLAGES PLASTIQUES :

DE LA FABRICATION A LA VALORISATION



EVOLUTIONS ET PERSPECTIVES        PARTIE IV


Afin de réaliser les objectifs fixés par la Directive européenne en matière de valorisation et de recyclage des déchets d'emballages, de nouvelles pistes sont actuellement explorées en particulier dans le domaine des déchets d'emballages ménagers.


1    Les voies nouvelles de recyclage


Le taux de valorisation globale peut être largement respecté par l'apport de la valorisation énergétique. Il reste néanmoins à respecter les 15 % de valorisation matière demandés pour chaque matériau qui, pour atteindre cet objectif, demandent de nouveaux efforts et développements. Plusieurs voies nouvelles de recyclage sont étudiées afin d'étendre l'utilisation des matériaux plastiques récupérés.

1.1    L'expérimentation RECYPLASTURGIE


Par le cahier des charges imposé en sortie de centre de tri, les filières garanties relatives aux DEM plastiques ne concernent jusqu'à présent qu'un tiers du gisement plastique à la charge des collectivités locales : les corps creux.

Afin d'étudier la faisabilité technique mais surtout économique du recyclage des autres DEM plastiques, une expérimentation a été lancée depuis janvier 1998 sur l'extension du gisement collectable plastique et ce, pour une durée d'un an et demi environ.

Douze sites-pilotes ont été choisis parmi les collectivités locales ayant mis en place une collecte sélective pour collecter et trier deux nouveaux types de déchets d'emballages ménagers, jusqu'alors considérés comme des refus de tri :

  • emballages souples hors PTM ;
  • emballages rigides hors PTM.


Un cahier des charges, encore expérimental, a été établi pour les deux nouveaux gisements plastiques collectés, en plus des PTM applicables aux trois gisements classiques (PEhd, PET, PVC).

Ce nouveau cahier des charge se présente comme suit :

EMBALLAGES SOUPLES
EMBALLAGES RIGIDES
1. DEFINITION DU PRODUIT

PRODUITS ACCEPTES

Sacs de petite et moyenne taille à base de polyoléfines (PE ou PP) tels que sacs de sortie de caisse, cabas boutique, emballages de fruits et légumes, ... ;

Grand Sacs (bricolage, jardinerie, ...)

Housse (électroménager, ameublement, outillage, ...) ;

Suremballages (pack d'eau, de boisson, de conserve, ...).

Nota
: les sacs de collecte sélective et les emballages industriels et commerciaux sont acceptés par les industriels mais ne sont pas soutenus financièrement par Eco-Emballages.

PRODUITS ACCEPTES

Corps creux opaques à base de polyoléfines (PE ou PP) restants après tri des corps creux aux PTM Valorplast sans limite de volume.










Nota : les corps creux aux PTM Valorplast auront été préalablement extraits..

PRODUITS REFUSES

Tous les films et emballages souillés par des aliments ou autres matières fermentescibles.

PRODUITS REFUSES

Emballages de produits toxiques, chimiques, dangereux ;

Bouteilles d'huile alimentaire ;

Blisters, coques, ... ;

Barquettes, pots ;

Tout emballage souillé par des aliments ou autres matières fermentescibles.

2. CARACTERISTIQUES

PRODUITS INDESIRABLES

PRODUITS INDESIRABLES

VALEURS

Les tolérances maximum d'impuretés sont à ce jour non définies mais s'inscrivent dans la logique des critères de conformité appliqués pour les corps creux.

3. CONDITIONNEMENT ET ENLEVEMENT
Conditionnement en balles de dimensions et de densité identiques à celles des corps creux Valorplast.

DIMENSIONS

La dimensions des balles finies doit être comprise entre 0,7 x 0,7 x 1 m et 1,1 x 1,1 x 1,2 m.

Une tolérance de 1,2 x 1,2 x 1,3 m peut être accordée sous réserve que les balles puissent se déliter correctement et sans perte de produit

DENSITE

La densité des balles doit être comprise entre 180 et 300 kg/m3.

LIVRAISON

Le poids minimum d'une livraison sera de 12 tonnes.

Enlèvement garanti une fois par an pour les collectivités locales produisant moins de 12 t/an.


Plusieurs recycleurs se sont réunis au sein de RECYPLASTURGIE pour étudier la faisabilité technique et économique de telles filières. Dans ces nouvelles conditions techniques et économiques, le gisement potentiellement recyclable serait augmenté du tonnage des films qui s'élève aujourd'hui à 150 000 tonnes.

Quelques résultats ont pu être extraits en milieu d'étude :

  • de par la hauteur du cahier des charges déjà fixé pour ces nouveaux gisements, un tri négatif ne peut être effectué ;
  • il n'y a pas eu d'augmentation sensible du gisement collecté dans les sites-pilotes. Il est à noter que les consignes de tri n'ont pas été changées auprès des citoyens ;
  • avérée pour certains recycleurs, la faisabilité technique ne l'est pas pour d'autres ;
  • la faisabilité économique reste également à vérifier. Elle semble possible par l'intégration du recyclage de ces matériaux dans l'ensemble de la chaîne. Les matériaux régénérés ayant peu de valeur ajoutée, les débouchés se doivent d'être des produits finis pour trouver une rentabilité économique.


L'extension du gisement plastique valorisable repose aujourd'hui sur les mêmes principes que les autres filières de matériaux mises en place par Eco-Emballages : un cahier des charges unique est défini, applicable auprès de toute collectivité locale ayant opté pour la garantie de reprise. Chaque recycleur connaît donc précisément la qualité des balles qui lui sont livrées. Si l'un d'eux est défaillant, un autre recycleur a la possibilité technique de traiter son gisement et ce, sur l'ensemble du territoire.

Cette recherche de pérennisation des filières et des débouchés induit toutefois auprès des collectivités locales des contraintes de qualité de plus en plus lourdes. En effet, le cahier des charges est défini comme la qualité la plus faible que peut traiter le moins performant des recycleurs ; même si une grande partie des recycleurs peuvent traiter des matériaux de moindre qualité. Ce principe conduit à lever considérablement le niveau de qualité demandé en sortie de centre de tri. Une attention particulière doit être portée sur ce point afin que ce principe ne devienne pas un frein au développement de nouvelles technologies en permettant de retarder la modernisation des équipements de régénération ou de recyclage.

Enfin, plus que les autres matériaux, le recyclage des plastiques dépend des efforts et des innovations de tous les régénérateurs et recycleurs. Si cette expérimentation se conclue par l'extension effective du recyclage des DEM plastiques, elle doit pouvoir bénéficier de toute la liberté d'action d'une filière à part entière de matériaux.

1.2    Le recyclage des plastiques en mélange


De nombreux recycleurs n'envisagent la pérennité du recyclage des plastiques qu'au travers de la recherche d'une matière régénérée parfaitement purifiée, matière qui sera utilisée en substitution de la matière vierge.

Mais de nouvelles voies de recyclage, moins lourdes et aussi polyvalentes, semblent aujourd'hui s'ouvrir pour les matières plastiques issues des déchets d'emballages ménagers. Ces voies étudient la faisabilité du recyclage des plastiques en mélange. De nombreuses expériences ont été lancées sur le sujet dont la plus connue reste incontestablement la fabrication de piquets de vigne et de pieux pour la mytiliculture en plastique mélangé, utilisés en substitution du bois. Si ces applications sont techniquement possibles, elles ne permettent pas de créer un nouveau marché et encore moins de le pérenniser ; à l'inverse du bois qu'ils remplacent, les piquets et les pieux en plastique recyclé sont imputrescibles...

Aujourd'hui, les efforts des recycleurs impliqués dans le recyclage des plastiques mélangés se concentrent sur la fabrication de produits finis ou semi-finis prêts à l'emploi pour plusieurs raisons :

  • le traitement de ces matières se veut le moins lourd possible : pas ou peu de lavage, un broyage suivi ou précédé d'un tri sommaire et une granulation. La matière qui en est issue est de qualité modeste et donc possède une faible valeur ajoutée ;
  • les applications présumées restent des pièces plutôt massives. En effet, les caractéristiques mécaniques des plastiques mélangés étant limitées (à cause de la non-miscibilité des nombreux polymères en présence), le volume des objets peut compenser la faiblesse des propriétés ;
  • pour trouver une rentabilité économique au recyclage des plastiques mélangés et leur apporter une réelle valeur ajoutée, la chaîne de transformation doit être aussi courte que possible et intégrer toutes les étapes : de la " régénération " à la transformation finale en produits finis.


Les produits actuellement fabriqués en plastiques mélangés peuvent être répertoriés en deux catégories :

  • Matériaux de construction : (piquets, planches, plaques pour cloisons, pontons, renforts de berges, ...) ;
  • Mobilier urbain : (bancs, tables, bacs à fleurs, panneaux de signalisation, ...).


Si la première catégorie de produits cherche encore sa clientèle, la seconde concurrence directement les produits fabriqués à partir de matière vierge et peut développer un marché spécifique.

Contrairement aux autres matériaux, les matières plastiques issues des déchets d'emballages ménagers doivent, avant tout recyclage, trouver - en plus des débouchés - un véritable marché. Une fois les difficultés techniques surmontées, reste à trouver le bénéfice économique.

Si la voie du recyclage des plastiques en mélange paraît intéressante que ce soit au niveau économique (coûts de tri et de régénération limités, affranchissement de l'enfermement dans la filière et de ses conditions) ou environnemental (valorisation matière offerte à des déchets d'emballages ménagers plastiques qui en étaient jusqu'alors écartés), elle semble n'être suivie que par quelques recycleurs sensibles aux limites des traitements lourds et coûteux de purification des déchets plastiques.

1.3 La valorisation chimique


Parmi les développements des techniques de valorisation des déchets plastiques, une voie se dévoile aujourd'hui. Appelée valorisation chimique, recyclage chimique ou recyclage matière première, cette voie repose sur la décomposition des macromolécules constitutives des polymères en matières premières réutilisables :

graphique11

Deux techniques de valorisation chimique sont actuellement à l'étude dans les industries de raffinage et de pétrochimie : la première permet de revenir au monomère de départ par une dépolymérisation, la seconde va plus loin en amont et fait revenir les polymères en produits pétrochimiques de base (pétrole ou naphta).

1.3.1 Le procédé Trédi


Le projet de valorisation chimique suivant le procédé Recopet repose sur le recyclage chimique des déchets d'emballages en PET. Il est actuellement conduit par Trédi et utilisé par Polyphénix.

La première phase consiste à broyer et à séparer les déchets pour en éliminer les impuretés. Puis une réaction chimique (la dépolymérisation) permet de récupérer les deux constituants de base du PET. Une opération finale élimine les colorants et les dernières impuretés encore présentes. Les produits obtenus, d'un degré de pureté comparable à celui des produits de première synthèse, permettent leur utilisation dans les mêmes conditions que les matières premières vierges.

La faisabilité de cette technique, testée d'abord en laboratoire, a également été validée au niveau industriel. L'avantage de ce procédé est qu'il permet de recycler des déchets plastiques souillés et/ou mélangés, même à de fortes proportions (jusqu'à 10 % d'impuretés et de résines étrangères) sans avoir à effectuer des surtris poussés.

1.3.2 Le procédé TBI


Ce projet concerne également la valorisation chimique du PET mais les produits obtenus après réaction sont différents : des produits de base comme le méthanol qui pourra être utilisé comme combustible et des composants synthétiques d'un autre polymère, le polyuréthanne (PU). Plus régulières, les mousses de PU obtenues à partir de ces composés présentent d'excellentes propriétés thermiques et dimensionnelles. Une unité de préindustrialisation fonctionne depuis maintenant un an. Des modifications techniques ont été effectuées afin d'améliorer encore le procédé.

Si les deux techniques présentées, considérées comme techniquement possibles, paraissent attrayantes au vu des importants tonnages prévisionnels traités, elles restent peu développées aujourd'hui. L'équipement industriel nécessaire à une telle valorisation est lourd et accessible à peu de structures. La rentabilité économique reste également à trouver. L'intérêt d'une telle valorisation est néanmoins considérable puisqu'elle permettrait d'alléger certaines contraintes de qualité qui pèsent actuellement sur les collectivités.


2    De nouvelles matières en perspective


Tout au long de ce dossier ont été présentées les multiples facettes des matières plastiques : de leur généreuse utilisation dans tous les domaines d'activités pour leurs propriétés remarquables aux conséquences qu'elles génèrent dès leur " transformation " en déchet.

Comme tout matériau utilisé dans les secteurs d'activités pointus, la priorité des matières plastiques est de répondre à un cahier des charges, de plus en plus complexe et contraignant. L'emballage fait partie aujourd'hui de ces secteurs de pointe. Résistant aux chocs, aux températures, à la lumière, au contenu tout en préservant ce même contenu pendant sa durée de vie : afin de répondre à ces cahiers des charges, autant de polymères différents sont utilisés dans le domaine de l'emballage : PEhd, PEbd, PET, PVC, PS, PP, ... L'ère de l'élimination inconsciente des déchets terminée, cette multitude de matières plastiques présente dans les ordures ménagères pose aujourd'hui d'énormes problèmes de valorisation pour tous les acteurs en aval de l'emballage.

En recherche d'innovation constante, le secteur de la plasturgie propose encore de nouvelles résines toujours plus performantes. C'est ainsi qu'est apparu il y a quelques années la bouteille de jus de fruit en PAN sur les rayonnages des magasins mais aussi dans les centres de tri. Si le polymère en lui-même n'était pas nouveau, son application dans le domaine de l'emballage l'était foncièrement. Non informés et par suite, non préparés à ce nouveau venu, les collectivités locales et les recycleurs ont violemment réagi d'abord par un vent de panique puis de mécontentement général vis à vis des matières plastiques, dénonçant les décisions unilatérales prises par les conditionneurs.

Pourtant, les limites actuelles de la valorisation matière de ces produits ne doit pas provoquer la limitation des matières utilisées. Elles doivent au contraire faire progresser les technologies pour synthétiser des matériaux qui intègrent, dès leur conception, leur fin de vie et leur future valorisation. Plusieurs réflexions parallèles sont menées pour que les différentes valorisations soient prises en compte dès la conception des emballages.

La première réflexion a trait au dispositif français de valorisation des déchets ménagers. Les renégociations entre tous les acteurs impliqués dans ce dispositif (Pouvoirs Publics, collectivités locales, sociétés agréées, producteurs et conditionneurs) ont abouti à l'élaboration d'un nouveau barème amont . Ce nouveau barème intègre une disposition spécifique pour certains corps creux rigides recyclés remplacés par des emballages rigides sans filière de recyclage.

Cette disposition s'adresse tout particulièrement aux futurs emballages plastiques fabriqués jusqu'alors en PEhd, PVC ou PET et dont la résine sera remplacée par une autre résine plus " exotique ". Un doublement de la contribution totale est prévu à partir de l'année 2000 sauf si est mise en place une filière de recyclage de ces déchets dans les deux ans.

La deuxième réflexion est tenue par la Chambre Syndicale des Emballages en Matière Plastique (C.S.E.M.P.). Cette dernière a créé au cours de l'année 1998 une section " Recycleurs ". Cette section rassemble de nombreux fabricants d'emballages et recycleurs. Une collaboration plus étroite entre tous les acteurs est depuis instaurée au travers de plusieurs groupes techniques, abordant des problèmes particuliers. Ainsi, la réflexion relative à la commercialisation d'une bouteille de bière en PET multicouche a bénéficié du concours de l'ensemble des acteurs impliqués, de la conception jusqu'à son éventuel recyclage.

Enfin, réunis dans le cadre du Conseil National de l'Emballage (C.N.E.), tous les acteurs de la chaîne emballage travaillent à l'élaboration d'une politique incitative de prévention des déchets. La traduction de cette troisième réflexion a été l'édition en 1998 du " Catalogue de la prévention des déchets d'emballages ". Il répertorie une centaine de produits et de marques pour lesquels des entreprises ont réduit l'emballage à la source, c'est-à-dire lors de sa conception ou de sa fabrication. Cette initiative répond à la transposition française de la Directive européenne relative à la conception des emballages qui prévoit une grande part pour la prévention.

Si les industriels ont perçu toute la pertinence d'établir une concertation entre toutes les professionnels de la plasturgie pour mieux anticiper le devenir des matériaux en fin de vie, ils ne doivent pas oublier le rôle essentiel joué par les collectivités locales. Maillon indispensable au développement et à la pérennisation de la valorisation des déchets d'emballages, les collectivités locales ont une place à prendre dans toutes les instances travaillant sur la conception des emballages. Pour qu'une autre " affaire PAN " ne se reproduise pas.


3    Une législation en évolution


Des préconisations relatives à la conception d'emballages plus respectueux de l'environnement sont inscrites dans la Directive européenne 94/62/CE régissant les emballages et les déchets d'emballages. Pourtant, ces dispositions n'ont été transposées dans la législation française qu'en 1998, par le décret 98/638 du 20 juillet. Ce décret impose aux emballages de satisfaire à des exigences essentielles portant sur :

  • la fabrication et la composition de l'emballage ;
  • le caractère réutilisable ou valorisable de cet emballage (recyclage, valorisation énergétique, ...).


Ces exigences essentielles seront bientôt reprises par des normes, actuellement en cours d'élaboration, qui serviront de guides méthodologiques à suivre par les producteurs d'emballages. Un dossier complet sera établi à chaque conception d'un nouvel emballage. Ce dossier comportera :

  • une déclaration attestant la conformité de l'emballage aux exigences essentielles ;
  • une documentation technique relative à la conception et à la fabrication de l'emballage (description générale, dessins de conception, composition) ;
  • la liste des normes appliquées et les résultats qui en sont issus.


Des contrôles pourront être effectués auprès des fabricants d'emballages. Seront alors puni tout contrevenant à l'une des exigences essentielles.

Ces mesures permettront d'éviter la mise sur le marché de produits qui, au vu des différentes législations, ne sont pas considérés comme respectueux de l'environnement. Malgré cela, ces mesures ne faciliteront pas la tâche de collecte et de tri des collectivités locales ; par exemple, bien que difficilement recyclables, les emballages complexes répondront tout de même aux exigences essentielles car ils pourront être valorisés énergétiquement. Valables pour les multicouches, cette remarque l'est également pour les emballages utilisant une nouvelle résine.

Il pourrait alors être pertinent d'élargir et de généraliser le marquage des emballages plastiques par la (les) signalétique(s) reconnue(s) à l'heure actuelle, spécifique(s) pour chaque matière constitutive des produits.

Par ce décret et les prochaines normes qui lui seront liées, une attention particulière a été portée sur la modernisation des emballages et leur respect à des exigences portant sur la protection des produits et des consommateurs mais également sur la fin de vie de ces emballages. De par leur conception, les prochains emballages seront tous valorisables. Leur valorisation effective demandera encore de nombreuses réflexions.


4    La levée des freins à l'utilisation de matière plastique recyclée


La limite au développement de l'utilisation de matière régénérée dans la fabrication de nouveaux produits n'est plus aujourd'hui une véritable limite technique. Même les polymères thermodurcissables, jusqu'à présent jugés non recyclables car non transformables , peuvent maintenant être utilisés, une fois broyés, en tant que charges dans d'autres matériaux (polymères ou composites).

4.1 Une activité économique à créer


Les limites se révèlent être plutôt économiques. Le domaine du recyclage des plastiques connaît actuellement une période de grande turbulence. Les cours des matières premières plastiques ont considérablement chuté ces derniers mois. Cette chute a été accentuée par le bas prix du pétrole, directement lié au prix des matières synthétiques que sont les polymères. Cet effondrement a sans nul doute des incidences sur le marché des matières régénérées. Pourquoi acheter une résine recyclée quand une résine vierge est proposée quasiment au même prix ? Se devant d'être toujours proposées à un prix concurrentiel par rapport aux matières premières, les matières régénérées subissent de plein fouet les cours plus que fluctuants du pétrole et des matières plastiques vierges.

De plus, malgré les tonnages grandissants de déchets d'emballages ménagers plastiques collectés, les coûts de surtri et de régénération également restent importants. Aujourd'hui, les industriels recycleurs doivent affronter une rude concurrence pour développer et pérenniser l'utilisation de matière première secondaire dans la fabrication des produits finis en plastique.

Le recyclage des déchets d'emballages ménagers plastiques ne trouvera de légitimité économique que lorsque les tonnages traités seront considérables au point de générer, par leur importance, un véritable marché. La multiplicité des débouchés permettront également de déconnecter en partie ou en totalité le prix des matières plastiques régénérées de celui des matières vierges et de créer un véritable marché économique.

4.2    Mieux identifier le rôle joué par les normes


En plus des limites économiques à lever, d'autres éléments ont été identifiés comme des freins à l'élargissement des débouchés pour les matières plastiques issues des déchets d'emballages. Les premiers éléments incriminés sont les normes applicables aux produits finis. Elles sont accusées d'empêcher l'introduction de matière régénérée en quantité importante dans la fabrication d'objets plastiques. Pourtant, les normes ne donnent aucune préconisation précise quant au matériau à utiliser (exception faite de la présence en métaux lourds ou matériaux dits dangereux). Mais, de par les performances qu'elles imposent (résistance au vieillissement, aux chocs, etc.), les normes peuvent écarter ou limiter la présence de plastique recyclé post-consommation dans les produits finis.

Des réflexions sont actuellement menées afin de déterminer le rôle exact que peuvent jouer les normes dans l'évolution de l'utilisation de plastique recyclé pour la fabrication de produits finis.

4.3    Deux opérations fortes de développement


Enfin, bien que radicalement différentes, deux opérations ont été mises en place dans le seul but de développer l'utilisation de matière régénérée issue des déchets d'emballages ménagers plastiques. La première concerne un procédé technologique, la seconde une démarche durable.

4.3.1 Du recyclé dans l'emballage


Jusqu'à présent, une bouteille boisson plastique ne pouvait redevenir une bouteille boisson ; les différents procédés de recyclage des matières plastiques issues des déchets d'emballages ménagers ne permettant pas à la matière régénérée d'être utilisée dans l'emballage alimentaire.

Aujourd'hui, grâce à une nouvelle technologie appelée Supercycle, l'entreprise SCHMALBACH-LUBECA a reçu des autorités sanitaires françaises l'approbation de produire du PET recyclé pouvant être destiné à l'emballage alimentaire et ce, pour une durée de deux ans (jusque décembre 1999). Les étapes préparatoires restent des opérations de régénération classiques mais la phase Supercycle consiste à faire subir aux granulés régénérés de PET une dernière réaction chimique de polycondensation. Cette réaction purifie la matière de façon intrinsèque, expulsant littéralement tous les indésirables encore présents. Equivalente à du PET vierge, cette matière peut être utilisée dans toutes les applications, sans exception.

Avec l'agrément donné par le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique (C.S.H.P.), s'ouvrent aujourd'hui de nouvelles perspectives pour l'écoulement des déchets d'emballages ménagers plastiques recyclés. La plus grande application des matières plastiques vierges deviendrait accessible aux matières recyclés : l'emballage. Reste à savoir si l'agrément donné pour ce débouché s'avérera durable.

4.3.2 Une promotion durable des produits recyclés


La seconde opération de développement de l'utilisation de déchets d'emballages ménagers plastiques régénérés s'intègre dans une démarche plus globale de promotion des produits recyclés.

Pour créer et développer un marché durable de produits recyclés, il fallait avant tout le faire connaître. Les acheteurs potentiels de produits fabriqués à partir de matière régénérée ne possédaient auparavant aucune information sur la composition des produits et sur les différents lieux d'achat possibles. Parallèlement, les entreprises ne communiquaient pas sur le sujet, ne voyant pas la notion recyclée comme un argument de vente.

C'est pourquoi, à l'initiative du Cercle National du Recyclage et en collaboration avec l'ADEME, l'Association des Maires de France et le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, un Annuaire des produits recyclés a été réalisé afin de promouvoir les produits recyclés d'une part et d'enclencher une demande et, par suite, un marché de ces produits de l'autre. Cet Annuaire recense aujourd'hui plus de 150 types de produits fabriqués à partir de matière recyclée (principalement des produits contenant du papier-carton ou du plastique issu des déchets d'emballages ménagers) et autant de fournisseurs.

Bien que l'intérêt des acheteurs potentiels pour une telle initiative ne semble pas se concrétiser systématiquement par une démarche d'achat, ces acheteurs que sont les collectivités locales, les entreprises et le grand public sont aujourd'hui sensibilisés à la recherche de pérennité pour les produits recyclés.

Au-delà du développement local et ponctuel du recyclage de déchets d'emballages ménagers plastiques, cette démarche globale de promotion des produits recyclés relève des réflexions de développement durable : préservation des ressources, création d'une activité économique solide. .

Imprimer Envoyer cette page par E-mail

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites