LE TRAITEMENT BIOLOGIQUE DES DECHETS ORGANIQUES
LES PRECONISATIONS DU CERCLE NATIONAL DU RECYCLAGE PARTIE X
La fraction fermentescible des ordures ménagères représente 50 % du poids humide de la poubelle des ménages. De nombreuses interrogations existent quant au meilleur traitement à mettre en place pour cette fraction de déchets.
Ce dossier du Cercle National du Recyclage a permis de mettre en avant les intérêts économiques et écologiques d'une filière de traitement biologique. Les retours d'expérience se multiplient et viennent conforter le choix des collectivités ayant intégrer la gestion des déchets organiques dans leur schéma global d'élimination. La pertinence d'installer une unité de compostage ou de méthanisation est d'ailleurs renforcée par la limitation, dès juillet 2002, de la mise en décharge aux seuls déchets ultimes. La satisfaction des objectifs fixés par la circulaire " Voynet " et la loi du 13 juillet 1992 relatifs à l'élimination des déchets passe donc inéluctablement par le développement de la filière de traitement biologique des déchets organiques.
Les sources de production de déchets organiques ménagers et assimilés sont nombreuses et variées. Il s'en suit que les tonnages susceptibles de subir un traitement biologique sont élevés. Du déchet de jardin aux déchets de la restauration en passant par les déchets de l'industrie agro-alimentaire, la fraction de déchets organiques trouve dans un traitement biologique la voie d'élimination à privilégier.
Les enjeux de la mise en place d'une unité de traitement biologique sont importants. Implanter une unité de traitement biologique inquiète souvent les responsables de collectivités locales qui craignent les plaintes des riverains. Il est vrai que de nombreuses installations ont donné lieu à des conflits de voisinage ayant pour origines des émissions constantes d'odeurs nauséabondes. Cette époque est aujourd'hui révolue du fait des avancées technologiques observées depuis plusieurs années. Notre présentation des différents modes de traitement tend à démontrer qu'il est possible pour tous les types de collectivités de s'engager dans une filière de traitement biologique des déchets organiques performante.
Les pratiques de production et d'épandage de composts de qualité médiocre ont fait naître un manque de confiance chez la plupart des acteurs de la filière de valorisation des déchets organiques. Afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs que celles observées au cours de la dernière décennie, la mise en place d'une filière de valorisation organique doit se faire avec l'objectif d'atteindre une qualité répondant aux exigences des utilisateurs et garantissant la sécurité pour l'homme et son environnement.
Dans cette optique, le Cercle National du Recyclage attend aujourd'hui avec impatience la rédaction d'une directive européenne et aussi la révision de la norme NFU 44-051 prévue pour l'année 2001. La rédaction ou la réorientation de ces textes doit préciser la définition de valeurs à respecter pour l'utilisation de compost. Il convient aussi d'assurer la transparence des modes de production et l'adéquation entre la qualité de la production et l'utilisation qui en sera faite.
Attention toutefois à ne pas faire supporter à la collectivité des obligations trop fortes au regard de l'utilisation attendue des produits issus des procédés de traitement des déchets organiques. Ce n'est pas tant le mode de traitement biologique des déchets qui importe que la satisfaction des exigences de l'utilisateur final du compost ou du biogaz. La collectivité locale peut décider d'installer une filière de traitement biologique des déchets organiques avec pour objectif de produire et d'écouler un produit fini mais cela ne découle d'aucune obligation réglementaire ou législative.
Plusieurs enquêtes ont montré que les Français sont prêts à trier leurs déchets. La collecte sélective en vue de la valorisation des déchets d'emballages ménagers atteint une vitesse de croisière et confirme cette capacité d'investissement de chaque citoyen.
C'est encore aux élus locaux en charge de la gestion des déchets qu'il appartient de donner l'impulsion nécessaire au développement du traitement biologique, composante à part entière d'un schéma global d'élimination des déchets. Campagnes d'information et ambassadeurs du tri sont autant de moyens dont dispose ensuite la collectivité pour accompagner le citoyen dans une démarche qualité dès l'amont de la filière.
La pérennité de la filière repose sur l'harmonisation entre l'offre et la demande d'une part et d'autre part, entre les producteurs et les utilisateurs des produits finis. L'instauration d'un comité de concertation entre tous ces acteurs est recommandé pour garantir la traçabilité du produit.
Qualité, traçabilité et concertation sont les mots d'ordre à suivre impérativement lors de la mise en place d'une filière de traitement biologique des déchets organiques.
Pour le Cercle National du Recyclage, il faut donc promouvoir le développement des filières d'élimination des déchets organiques débouchant sur une possibilité de valorisation.
Puisse ce dossier contribuer à convaincre les décideurs locaux des intérêts à s'engager résolument dans cette voie !