LE TRAITEMENT BIOLOGIQUE DES DECHETS ORGANIQUES
LE GISEMENT DE DECHETS ORGANIQUES EN FRANCE PARTIE III
1 La composition du gisement de déchets organiques
Les origines du gisement de déchets organiques ménagers et assimilés sont nombreuses. Exploitation privée et domaine public produisent des flux de natures, de qualités et de quantités très variables selon l'origine. Les principales sources sont :
- la fraction fermentescible des ordures ménagères : les déchets putrescibles + les papiers-cartons + les déchets de jardin ;
- les déchets d'espaces verts : les tontes de gazon + les déchets d'élagage d'espaces verts publics ;
- les boues de station d'épuration des eaux usées urbaines ;
- les déchets organiques de l'agriculture : les lisiers + les fumiers + les autres déchets ;
- les déchets d'activités des industries agro-alimentaires : épluchures, résidus de lavage, produits légumiers ou céréaliers refusés ;
- les déchets de restauration et autres activités assimilées.
2 Le flux de déchets organiques municipaux en chiffres
Peu de chiffres existent pour caractériser les quantités de déchets organiques en France. L'ADEME dispose de données quantitatives pour le gisement de déchets municipaux traduites dans les tableaux et commentaires ci-dessous.
TYPE DE DECHETS
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GISEMENT
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% VALORISABLE DU GISEMENT
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% VALORISE DU GISEMENT
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Ordures ménagères brutes
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26 millions de t/an
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29 à 54 %*
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6,2 % composté |
Déchets verts
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7 millions de t/an
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100 %
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17,1 % composté
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Boues de station d'épuration d'eaux urbaines
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850 000 t/an
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100 %
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60 % épandu
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Les chiffres présentés ci-dessus et notamment les taux de valorisation des différents gisements offrent une vision globale pertinente du potentiel de développement de la filière. Les valeurs permettent aussi aux collectivités d'effacer les inquiétudes quant aux difficultés à mobiliser un flux à traiter. Enfin, les enjeux de l'instauration d'une telle filière et l'impact qu'elle représente sur un schéma global de gestion des déchets sont mis en avant par ce tableau.
L'interrogation subsiste quant à la valorisation agricole des boues de station d'épuration d'eaux urbaines qui sont aujourd'hui au centre d'une polémique. En effet, il semble difficile d'instaurer des accords harmonieux entre les acteurs face aux risques potentiels que représente cette méthode.
L'intérêt des collectivités se porte sur la collecte de la fraction fermentescible des ordures ménagères et ne se limite pas aux seuls déchets de jardins. L'ADEME a réalisé un recueil des collectivités qui se sont d'ores et déjà investies dans la collecte sélective des biodéchets. Celles-ci sont au nombre de 27 et les tonnages captés par ce biais ont atteint 74 000 tonnes en 1999. Les ratios de collecte des biodéchets variaient entre 22 et 220 kg/hab./an pour une moyenne de 100 kg/hab./an. Le graphique infra, en corrélation avec les chiffres relatifs aux ordures ménagères présentés supra dans le tableau, justifient l'intérêt de cette collecte. En effet, les déchets putrescibles et les papiers-cartons représentent 54 % du poids humide des ordures ménagères en France.
La composition moyenne nationale des ordures ménagères en France
(Source Ademe évaluation 1998)
Il est important de noter que vendre à une papeterie les tonnages de papier collectés permet d'enregistrer des recettes plus intéressantes que si ceux-ci sont envoyés vers un traitement biologique. Selon le choix de la collectivité, le gisement concerné varie donc de 29 à 54 % du poids humide selon qu'elle intègre ou non les papiers et cartons dans les consignes de tri.
3 Les particularités du gisement
Le gisement de déchets organiques présente certaines particularités qui justifient une gestion spécifique du flux :
- la disparité des sources de production ;
- les variations saisonnières de certaines fractions du gisement ;
- la différence de production de déchets organiques ménagers entre le milieu rural et le milieu urbain.
La nature des déchets organiques est variable selon les origines. Certains flux présentent un intérêt à être traités conjointement, que ce soit pour la qualité agronomique du produit final ou pour optimiser la vitesse de dégradation. Ainsi, le lisier qui est riche en azote peut être traité avec des déchets verts riches en carbone, le rapport carbone sur azote étant le paramètre principal de qualité agronomique du produit.
Ensuite, on constate des pics de production des déchets d'espaces verts, de jardin et de cuisine entre mai et septembre. Ces variations doivent être évaluées par la collectivité afin de pouvoir proposer un contenant de volume adéquat au citoyen. En effet, si on ajoute à cela la vitesse de dégradation de la matière complétée par l'apparition des jus, le bac doit être d'autant mieux dimensionné afin d'éviter les problèmes olfactifs.
Enfin, il y a une différence évidente des tonnages de déchets de jardin et de cuisine produits en milieu rural et en milieu urbain. La taille des jardins et les modes de consommation expliquent ces variations.