Date |
Lille le 29 octobre 2001 |
Destinataire |
Monsieur Jacques PELISSARD, Vice-Président, Association des Maires de France |
   
      Monsieur le Vice-Président,
          Au cours de la dernière réunion du comité
de concertation AMF/sociétés agréées, une nouvelle version du « projet de
partenariat dans la perspective d’une gestion durable des produits
graphiques ménagers concernés par le décret relatif à la collecte, la valorisation
et l’élimination des imprimés et journaux gratuits » nous a été remis
comme support à l’intervention de Monsieur Jérôme BEYDIER, président
de la Fédération des Entreprises de Commerce et de la Distribution.
          Après une étude approfondie de ce document
et pour faire suite à de précédents courriers (copies ci-jointes), j’ai
le plaisir de vous transmettre ci-après nos commentaires et observations.
PREAMBULE
a/ Le principe d’un dispositif agréé par les pouvoirs publics remporte
notre complète adhésion.
b/ La première vocation du dispositif envisagé est financière car il s’agit
d’indemniser les collectivités locales qui éliminent les déchets papiers
imprimés. Les deux objectifs mentionnés par la FCD sont accessoires même
s’ils sont estimables.
c/ La mention « objectifs fixés en terme de valorisation » reste ambiguë
car il n’est pas précisé à qui incombe la réalisation de ces objectifs.
Dans l’état actuel de la législation et de la réglementation, il n’existe
aucune obligation de valorisation pour les collectivités locales.
d/ En aucun cas, l’organisation à venir ne doit être « conçue pour
partager la charge financière liée à l’atteinte de ces objectifs [de
valorisation] ». C’est la charge financière de l’élimination
des déchets papiers imprimés qui doit être supportée par les industriels
de la filière graphique qui peuvent choisir de faire appel à un tiers pour
prendre en charge leur responsabilité.
PARTENAIRES
Diverses questions subsistent :
- quelle organisation juridique pour « la Filière » ? Quelles conditions
pour en faire partie ?
- quel sens exact donner au terme, maintenant pluriel, d’« interlocuteurs
uniques » ?
          De plus, il convient de préciser que la responsabilité
porte sur les déchets nés de l’abandon des COUNA. Il faut éviter l’amalgame
entre COUNA et déchets de COUNA.
ORGANISATION JURIDIQUE
a/ La présence de la Filière parmi les actionnaires de la société X constituée
continue de nous inquiéter en fonction du risque potentiel de dérive vers
un dispositif où les exigences qualitatives des repreneurs seraient exagérées
avec comme corrollaire la baisse du prix de reprise des matériaux.
b/ Ce n’est pas la réalisation de l’objectif de valorisation
qui doit déterminer « l’obtention des moyens financiers auprès des
adhérents nécessaires ». Le montant des sommes à percevoir correspond avant
tout au coût de l’élimination de l’ensemble des déchets de COUNA
produits par les adhérents à la société X. C’est une condition nécessaire
mais pas obligatoirement suffisante.
c/ La fixation même d’un objectif de valorisation reste discutable
car la responsabilité supportée par les Industriels est celle de collecte,
de valorisation et d’élimination. Il ne paraît pas particulièrement
pertinent de focaliser sur un objectif de valorisation quand il s’agit
d’abord d’aider les collectivités à la mise en place de moyens
de collecte sélective des déchets papiers qui, ainsi, ne seront pas dirigés
vers la décharge ou l’incinération.
d/ Trop souvent, dans le dispositif « emballages ménagers », l’objectif
de valorisation fixé aux sociétés agréées a été transféré vers les collectivités
locales. Si un objectif de valorisation est fixé, le risque est fort, à
l’instar du dispositif « emballages ménagers », de passer d’une
aide aux moyens de collecte sélective au versement d’une rémunération
de la « prestation » de préparation des matériaux effectuée par la collectivité
locale.
e/ Le contrat type proposé par la société X n’a pas à mettre en avant
la promotion de la valorisation des déchets COUNA mais d’abord la
vocation financière du dispositif. Il ne serait pas acceptable que le versement
des soutiens aux collectivités locales soit subordonné à l’atteinte
de résultats de valorisation particuliers.
LE GISEMENT
          En cohérence avec la position arrêtée par
l’AMF, nous continuons de préconiser l’assujettissement à ce
dispositif de tous les producteurs de documents papiers imprimés, y compris
les collectivités et administrations.
OBJECTIFS
          Ici encore l’objectif principal du dispositif
n’est pas indiqué. Il s’agit pourtant de faire bénéficier les
collectivités locales d’un financement approprié du service public
d’élimination quand celui-ci prend en charge les déchets COUNA en
lieu et place des industriels responsables de leur production ou distribution.
La priorité donnée à la valorisation matière, puis au compostage, puis à
la valorisation énergétique ne saurait justifier l’absence de soutiens
financiers aux collectivités qui, pour éliminer les déchets COUNA collectés,
font appel à l’incinération aux normes ou à la mise en décharge quand
cela reste autorisé.
APPORTS FINANCIERS AUX COLLECTIVITES LOCALES
a/ Satisfaction de constater que l’exigence de la mise en place antérieure
ou conjointe de la collecte sélective des 5 matériaux d’emballages
ménagers a été levée.
b/ Opposition totale à la subordination du versement des soutiens aux seuls
cas d’une élimination ouvrant sur une possibilité de valorisation.
Ce sont toutes les tonnes de déchets COUNA éliminées qui doivent être soutenues
sans prise en compte de la nature des procédés et matériels utilisés par
la collectivité locale. Quel que soit le mode d’élimination choisi,
c’est bien la collectivité qui assume la responsabilité du producteur
de COUNA. Le versement d’une indemnisation correspondant au coût supporté
est donc tout à fait légitime. Reste à déterminer, dans le cahier des charges
proposé par les pouvoirs publics, comment encourager les modes d’élimination
qui favorisent en aval la valorisation matière. Un échelonnement des soutiens
en fonction de ce critère nous paraît ici être tout à fait souhaitable.
GARANTIE DE REPRISE
          Les arguments développés dans un courrier
du 18 juin 2002, restent valables.
          L’équipe permanente du
Cercle National du Recyclage et moi-même restons à votre entière
disposition pour vous apporter sur ces éléments les compléments d’information
que vous jugeriez utiles de recevoir.
          Je vous prie d’agréer, Monsieur le
Vice-Président, l’expression de mes sincères salutations.
Paul DEFFONTAINE
Président
|