COMMUNIQUE

Date Lille, le 23 juin 2000
Objet Assises d'Agen

     

ASSISES D'AGEN, POUR QUOI FAIRE ?


        Il y a maintenant cinq années qu'ont eu lieu à Agen les 1ères Assises des déchets ménagers et assimilés. Pour le Cercle National du Recyclage, cette manifestation trouvait sa légitimité dans la nécessité de donner aux responsables des collectivités locales les clefs de la réussite de la modernisation de la gestion des déchets. Le bien-fondé de l'organisation de ce type de rendez-vous national résidait aussi dans sa vocation à mettre en contact, voire même en réseau, les élus confrontés à la problématique déchets. Les Assises se présentaient alors comme une occasion unique d'échanges entre experts détenteurs d'une expérience et publics désireux d'en bénéficier. Enfin, l'enracinement en province associé à une recherche affichée de convivialité participaient eux aussi à la promesse de réussite attendue.


        Pour le Cercle National du Recyclage, le bilan des éditions passées reste mitigé et amène à se poser la question du réel avenir des Assises des déchets ménagers et assimilés à Agen. Pour notre association, de trop nombreuses ambiguïtés existent qui limitent la portée de l'événement et sa capacité à répondre à sa vocation première. Des dérives se font jour qu'il convient de corriger pour éventuellement restaurer le crédit des Assises d'Agen.

        Notre premier grief porte sur le lieu même de la tenue de ces Assises : difficultés d'accès, capacité hôtelière insuffisante, infrastructure limitée mais surtout satisfecit délivré complaisamment à un département où la modernisation de la gestion des déchets avait pris un retard considérable. Cet état de fait semble toutefois bien assumé car trop souvent le discours inaugural des Assises a été emprunt d'une certaine fierté à n'avoir encore rien entrepris. Quelle exemplarité trouver dans cet immobilisme, prime à l'élu qui ignore la loi et remet toujours au lendemain ?

        La fréquence de la manifestation nous semble également inadéquate. Une alternance avec les Assises de La Baule avait été bien envisagée mais ne s'est jamais vérifiée faute d'un véritable accord ou d'un arbitrage des pouvoirs publics. Pourtant, les Assises d'Agen souffrent indubitablement de cette cadence élevée ; les programmes se répètent et les « redites » sont inévitables au risque de lasser un auditoire toujours plus prompt à s'enthousiasmer pour la nouveauté.

        A notre sens encore plus préjudiciable est l'emprise toujours plus importante du monde industriel sur cette manifestation voulue à l'origine comme un lieu de rencontre où « les élus parlent aux élus ». A ce jour, et même si pour des raisons de rentabilité économique certains partenariats sont souhaitables (salon professionnel, exposition, etc.) ou encore acceptables, c'est hélas la puissance financière des entreprises qui détermine leur présence aux différentes tribunes et non plus l'intérêt de l'intervention pour les participants. Cette année, au-delà de la précaution qui consiste d'en accorder systématiquement la présidence à un élu, la composition des ateliers et tables-rondes reflètent la prise en compte d'intérêts industriels et ne paraît plus se préoccuper des véritables attentes des élus et responsables de collectivités locales. Sur ce point, le Cercle National du Recyclage déplore que les avis et suggestions du comité de pilotage des Assises ne soient que très partiellement retenus et que les arbitrages rendus le soient toujours en fonction de pressions financières.

Les propositions du Cercle National du Recyclage

        Une fois ces constats établis, il convient de proposer des pistes de progrès, préalables à la réalisation des ambitions initiales de ceux, dont nous sommes, qui ont voulu l'organisation d'un événement de dimension nationale traitant, à l'attention des élus, de la problématique de la gestion globale des déchets municipaux.

        Notre première proposition, qui peut s'apparenter à une revendication, consiste à demander une implication renforcée des différentes structures de l'Etat concernées par la politique nationale de gestion des déchets. Dans l'optique d'une toujours plus grande participation d'élus, la collaboration étroite avec les associations nationales qui les représentent (AMF, ADCF, ADF, etc.) doit aussi être recherchée en priorité à l'instar des journées nationales ADEME/AMF organisées il y quelques années. De cette façon, la manifestation pourra être clairement identifiée comme le lieu d'une expression institutionnelle enrichie de l'apport des autres partenaires de la gestion des déchets, sans possible confusion des genres.

        Pour aplanir certaines difficultés de l'organisation actuellement rencontrées, le choix d'un lieu d'accueil plus en adéquation avec la nature et l'importance de l'événement est également indispensable. De par la présence de la Direction des Déchets Municipaux de l'ADEME, le choix de la ville d'Angers pourrait être opportun. La solution « tournante », c'est-à-dire dans un lieu différent à chaque édition, peut aussi être retenue.

        Pour ce qui est de la fréquence, notre préférence va bien évidemment à l'alternance entre les Assises de la Baule, au départ consacrées aux déchets industriels, et un rendez-vous donné tous les deux ans aux élus et responsables de collectivités locales qui porterait sur l'actualité de la gestion des déchets municipaux.

        Enfin, il reste qu'il faut s'attacher à donner au programme proposé une attractivité renouvelée, propre à satisfaire l'attente des participants. Pour ce faire, on veillera à coller au mieux aux évolutions législatives et réglementaires, aux avancées technologiques ainsi qu'aux résultats de recherches ou études. On veillera également à mieux prendre en compte différents sujets corollaires qui restent les préoccupations principales des élus locaux comme par exemple les incidences financières sur l'usager-contribuable de l'adaptation du service public d'élimination ou bien encore la responsabilité des collectivités en matière de prévention.

        Pour ce qui est de la forme, il convient sans doute de limiter les assemblées aux allures de « grand-messes » pour privilégier les échanges dans une multitude de forum thématiques où, dirigés par un animateur indépendant, les débats gagneraient en consistance et en utilité. En donnant la part belle à une expression des élus présentant les solutions éprouvées localement au sein des collectivités, c'est la satisfaction du public qui serait renforcée.

        C'est au prix de ces adaptations que nous pouvons espérer retrouver l'esprit originel des Assises et donner un second souffle à une manifestation qui en a grand besoin.


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Rémi LANTREIBECQ
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