RECUPERATION ET RECYCLAGE DES PRODUITS PAPIERS-CARTONS EN FRANCE ?



L'AVIS DU CERCLE NATIONAL DU RECYCLAGE     PARTIE VII


Engager une réflexion sur nos modes de gestion des déchets est, d’une façon générale, le moyen de prendre du recul face à nos sociétés de consommation, voire de gaspillage.

Le recyclage est un mode de valorisation respectueux de l’environnement. L’industrie papetière, en intégrant des produits papiers-cartons récupérés dans son procédé de fabrication, préserve les ressources en bois des espaces forestiers ainsi que les ressources en eau. La quantité d’eau utilisée pour la fabrication d’une tonne de papier a été divisée par trois sur les dix dernières années 1. Le recyclage est plus écologique que l’incinération qui ne fait que réduire le volume déchets en générant des cendres et des résidus qui prennent le chemin des décharges. Celles-ci, à compter du 1er juillet 2002, sont réservées aux déchets ultimes. Les déchets papiers-cartons doivent alors trouver une autre voie que la mise en décharge, solution encore bien ancrée dans les pratiques actuelles, notamment pour les déchets papiers-cartons des ménages.

Le recyclage est un mode de valorisation économique. Il est plus économique que la valorisation énergétique qui nécessite la mise en place d’incinérateurs dans des conditions de conformité avec la législation. En comparant les coûts de collecte/incinération/traitement des résidus aux coûts de collecte/tri/conditionnement, on observe que le recyclage permet une économie globale de 30 euros par tonne 2. En outre, le prix de reprise des fournitures livrées à l’industrie papetière est un gain financier évident pour les collectivités locales cherchant à minimiser leurs coûts globaux de gestion des déchets.

Le recyclage s’effectue grâce à l’application de techniques industrielles maîtrisées. L’évolution du désencrage offre aujourd’hui à l’industrie papetière des possibilités de recyclage pour l’ensemble des secteurs de production. Cette maîtrise de l’outil de production assure l’obtention d’un produit fini de qualité.

Pour toutes ces raisons, près de 5,8 millions de tonnes de produits papiers-cartons récupérés ont été utilisées par l’industrie papetière française en 2000.

Mais la récupération du gisement de déchets papiers-cartons sur le territoire français ne satisfait pas les besoins de l’industrie papetière. Près de 5,8 millions de tonnes de produits papiers-cartons ont été consommées en France au cours de l’année 2000. Par manque de récupération suffisamment efficace, la filière papetière importe des quantités importantes de produits papiers-cartons. Le déficit du commerce extérieur s’est creusé depuis 1988 et atteint en 2000, 480 milliers de tonnes. L’approvisionnement à l’étranger se traduit par une dépendance aux aléas des marchés étrangers, et par voie de conséquence, un affaiblissement de la filière récupération/recyclage.

Le développement de la récupération doit dépasser la simple mobilisation des gisements industriels pré-consommateur et post-consommateur représentant 93 % de l’approvisionnement français 3. Des avancées considérables peuvent être réalisées pour le circuit ménager. Aussi, de nouveaux gisements peuvent être récupérés en masse. Le gisement des papiers de bureau est peu dispersé, donc facile à capter. Il est de qualité homogène et présent en quantité régulière. Pourtant, trop rares sont les initiatives de récupération de ce gisement.

Le développement de la récupération doit passer par une évolution des collectes sélectives. Le déchet s’apparente à une véritable matière première à la base de la fabrication d’un produit fini. Il faut donc chercher la mobiliser en quantité plus importante et à préserver la qualité du matériau récupéré alors considéré comme ressource. Attention toutefois à ce que cette évolution ne s’accompagne pas d’une surcharge de travail (et donc financière) pour les collectivités locales préparant le déchet pour l’industrie papetière.

L’efficacité de la récupération sera renforcée par un système logistique global au sein duquel les collectivités ont un rôle important à jouer, notamment dans la mise en place des collectes sélectives. Celles-ci doivent immanquablement être accompagnées d’une aide financière pour dédommager la collectivité locale qui exerce en lieu et place du producteur la responsabilité d’élimination.


1    Source : CEPI. Environment Report 2000. Novembre 2000.
2    Source : ADEME. La filière des vieux papiers et cartons en France. Décembre 1997.
3    Source : REVIPAP. Panorama de la collecte et du recyclage des papiers et cartons. Janvier 2000

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